Corne d'Or, mer de Marmara, Bosphore. Ors cachés de son passé byzantin ou bleus des céramiques de son histoire ottomane ; Cette trois fois nommée : Byzance, Constantinople, Istanbul parlait à notre imaginaire depuis fort longtemps. Porte de l'Orient ou de l'Occident, elle est l'unique cité à cheval sur deux continents. Ce n'était pas ma première visite. Dans mes jeunes années, comme beaucoup d'autres, elle fût "ma sublime porte" vers une Asie révée. Mais cette fois-ci, elle me révéla bien des trésors que ma jeunesse n'avait su qu'entrapercevoir...
Voyage en Turquie de 1 semaine (Avril 2009) raconté par loularsen
Notre première ballade nous a emmenés sur les rives de la Corne d'Or. A l'époque byzantine une énorme chaine en limitait l'accés. Aujourd'hui un pont se situe à peu prés au même endroit. Le pont de Galata, en référence à la tour génoise du 14ème siècle qui le surplombe. J'avais le souvenir d'un pont flottant où de multiples échoppes, gargottes situaient sous son tablier, en faisaient un lieu incontournable, à deux pas du bazar égyptien. En 1991 un incendie le ravagea laissant la place à l'actuel plus bétonné. Ce qui reste immuable, ce sont les innombrables pêcheurs qui y prennent place dés les premières heures de la matinée jusqu'à une heure tardive. Une vraie forêt de cannes à pêche ! Chaque jour, après nos errances touristiques, nous prendrons le temps de nous désaltérer dans les nouveaux cafés, plus branchés, qui ont remplacé les petits restos de mes souvenirs. Moments magiques entre couchers de soleil sur la Corne d'Or et poissons effectuant un ultime "envol" au dessus de nos têtes !
Douze ans après sa conquête de Constantinople, Mehmet II acheva de construire ce palais sur la pointe du Sérail, surplombant la Corne d'or et le Bosphore. Un après-midi entier à parcourir cette immense demeure de sultans. Avec ses cinq salles de trésors, son harem de quelques 300 pièces (seules quelques unes sont accessibles), ses kiosques et ses pavillons ajoutés aux jardins au fil des règnes successifs comme des bijoux dans un écrin. Nous étions éblouis par tant de beauté et de somptueuses élégances architecturales et décoratives. Nous avons commencé notre visite par le harem. C'est en fait un palais dans le palais. Avec ce que cela implique de jeux de pouvoir pour s'élever du rang d'esclave à celui de favorite jusqu'au pouvoir suprême de la "Valide Sultane", mère du sultan régnant. Jusqu'à mille femmes ont séjourné dans ce lieu défendu à tout autre homme que le sultan, et ses fils. La dernière l'a quitté en...1909 ! Même éblouissement devant le trésor de Topkapi. Le scintillement de ses milliers de pierres précieuses ou semi précieuses nous replonge dans les contes de notre enfance où les histoires des trésors convoités, dérobés, cachés, nourissaient notre imagination. Poignard incrusté d'émeraudes et de brillants, un diamant de 86 carats découvert sur un tas d'ordures et échangé contre des petites cuillères, pour la légende, des berceaux en or massif, des trônes plus chargés de pierreries les uns que les autres. Mais le trésor le plus sacré du palais reste sans nul doute, dans une salle hautement surveillée par des hommes récitant le Coran au dessus du coffre qui le renferme : le manteau du Prophète Mahomet. Aucune photo n'est autorisée dans cette partie du palais.
Sainte Sophie "Aya Sofia", est une merveille de quelques 1 500 ans. Inaugurée par Justinien en 537, elle sera pendant 700 ans le plus imposant édifice de la chrétienté. Aujourd'hui encore, phare de l'art byzantin, elle émerveille par ses proportions spectaculaires et notamment par sa coupole, véritable prouesse architecturale qui s'élève à plus de 56 mêtres. Quand j'ai pénétré dans le narthex et que je me suis retrouvé face à la porte impériale, immense entrée de l'ancienne basilique, j'ai eu ce sentiment à la fois d'émerveillement et d'écrasement devant tant de splendeur et de génie humain. J'essayais d'imaginer l'époque de Justinien quand Sainte Sophie resplendissait de tous les ors de ses mosaïques (malheureusement recouvertes dés le début de la pèriode ottomane). Pendant presque mille ans, elle fût chrétienne, puis en 1 453, après la prise de Constantinople, elle s'enrichit de minarets et devint une mosquée. Environ 600 ans plus tard, Mustafa Kemal Pasa - Atatürk - le fondateur de la Turquie moderne, décidera de rendre ce trésor à l'ensemble des hommes en la transformant en musée.
Face à elle, une autre splendeur. Sa petite soeur d'à peine 400 ans. L'élégante Mosquée Bleue avec ses 6 minarets. Sans doute l'un des édifice religieux le plus connu au monde. L'art musulman iconoclaste, a magnifié cet art décoratif de la céramique aux arabesques florales multicolores. Les murs, jusqu'au sommet de sa coupole en sont recouverts. À la nuit tombée, nous traversions son jardin, alors illuminé; notre hotel était situé juste derrière. C'est cette vision féérique que nous emportions chaque nuit dans nos songes...
Il existe à deux pas de Sainte Sophie un lieu discret et magique. "Yerebatan Sarayi" ou "le palais englouti". Construite au IV siècle, sous le règne de constantin, cette citerne byzantine alimentait l'antique palais. Je ne pourrais vous la décrire qu'avec des mots puisque la pénombre dans laquelle s'effectue la visite n'était pas très propice à la photographie ! L'entrée passe presque inaperçue. Il faut descendre une volée de marches et là, surprise, une salle voutée immense, insoupçonnable au niveau de la rue, abrite une forêt de 336 colonnes de marbre, immergée dans 50 cm (peut être plus !) d'eau. Des bancs de poissons un peu ternes (le manque de lumière sans doute), nagent entre elles. Les visiteurs circulent sur une passerelle en bois avec pour unique fond sonore le clapotis incessant des gouttes d'eau qui chutent. Le reflet presque immobile de toutes les colonnes lui a valu ce surnom de "Palais englouti". Tout au fond de cet immense réceptacle, se trouvent deux colonnes un peu plus particulières. Chacune repose sur un bloc de granit représentant La Méduse, ce personnage de la mythologie grecque à la chevelure de serpents. Ces deux têtes proviendraient d'un temple grec. Nous profiterons encore quelques instants de cette ambiance particulière et iréelle en dégustant un bon café turc au petit resto installé juste avant la sortie.
Durant ce court séjour, il nous fallait tout de même trouver quelques heures pour remonter le Bosphore en bateau. Aux nombreuses compagnies qui proposent ce type de prestations aux touristes, nous avons préféré la ligne régulière des habitants des deux rives. De l'embarcadère, près du pont de Galata, nous avons remonté ce détroit reliant la mer de Marmara à la mer Noire, jusqu'au dernier village sur la rive asiatique. À Istanbul, lorsque vous êtes sur les bords de la mer de Marmara, il est impressionnant de voir l'incroyable armada de cargos qui attendent sagement leur tour pour remonter (ou descendre) le Bosphore. Au vu de ce traffic, on mesure l'importance du site d'Istanbul, carrefour de toute les civilisations passées et présentes. Au milieu du Bosphore nous avions une vue imprenable sur toutes les collines d'Istanbul et les habitations de ses quelques treize millions d'habitants. Un peu moins de deux heures seront nécesssaires pour rejoindre Anadolu Kavagi, le dernier arrêt de ce service fluvial. Tout au long de cette mini croisière, palais, belles demeures, appelées "yali" et baties par les riches stanbouliotes à la recherche d'un peu de fraîcheur pendant l'été, se succéderont sur ces rives.
Trop peu de temps, hélas, pour nous égarer dans ces labyrinthes de rues, ruelles, passages couverts. Le Grand Bazar d'Istanbul est probablement l'un des plus connu au monde. Bijoux, objets précieux, tapis persans, faïences, antiquités mais aussi épices et parfums d'orient ; Tout pour exalter les sens. Il faut imaginer les longues caravanes débordantes de marchandises, de trésors cachés, faire halte dans ces auberges fortifiées : les caravansérails. Ils étaient organisés pour que les voyageurs, marchands, négociants, qui arrivaient parfois du fin fond de l'empire, puissent se reposer et trouver toutes les commodités nécessaires à la vie quotidienne : chambres pour dormir, Hammams, lieux de culte, restaurants etc... Même si de nos jours, parmi le millier d'échoppes, nombre d'entre elles se destinent aux achats des touristes, ces nombreux bazars à travers la ville nous restituent une dimension incontournable de la culture et de l'histoire d'Istanbul.
Extrait : "Je me croyais si parfaitement seul, que j'éprouvais une étrange impression en apercevant près de moi, derrière d'épais barreaux de fer, le haut d'une tête humaine, deux grands yeux verts fixés sur moi... un voile blanc enveloppait soigneusement la tête, n'en laissant paraître que le front et les grands yeux... Cette jeune femme était Aziyadé."
Mystèrieuse présence de la littérature française après tant d'années. Pierre Loti (1850-1923), officier de marine et écrivain, est tombé passionnément amoureux dans sa jeunesse d'une jeune femme circassienne mariée à un vieux turc, et en a fait l'héroïne d'un roman qui porte son nom "Aziyad". Mais c'est aussi son amour pour ce pays qu'il nous raconte dans son récit. Un café où il aimait venir pour écrire "Le Pierre Loti", fréquenté par quelques touristes mais aussi très apprécié par les stanbouliotes, est situé au sommet de la colline du quartier saint d'Eyüp. La promenade pour y accéder est un véritable enchantement et la vue sur le fond de la vallée inondée qu'est la Corne d'Or, est splendide. Je me demande encore ce que peut évoquer à la jeunesse d'Istanbul, aujourd'hui, le nom de Pierre Loti. Un lycée porte aussi son nom.
Comment conclure un voyage inachevé ? Tant de choses encore à découvrir dans ce lieu unique par sa géographie, ce carrefour si convoité par tant de civilisations passées. Je ne vous ai pas parlé de l'antique palais romain, de la mosquée de Soliman et de son génial architecte Sinan, qui rêvait de surpasser les architectes de Sainte Sophie, des hammams, etc, etc.... Istanbul, partagée entre deux mondes. Offrant à l'Occident toutes les richesses de l'Orient. Elle mérite amplement son ancien nom de "Sublime Porte". Et puis il y a une autre chose qui nous fera surement revenir à Istanbul, c'est la gentillesse de sa population.
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