Agra, ses empereurs moghols et ses trésors (carnet n°3)

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Nous quittons maintenant le Rajasthan, ses palais et ses maharajas pour la province de l'Uttar Pradesh. Direction Agra capitale moghole et ses trésors, et Fathepur Sikri, la ville fantôme.

Photo de voyage en  Inde

Voyage organisé en Inde de 2 semaines (Octobre 2007) raconté par icare

Un témoignage d'amour : le Taj Mahal

Après quelques heures de car, nous arrivons à Agra en fin d'après-midi pour aller découvrir la merveille des merveilles, le Taj Mahal. Beaucoup d'indiens s'y rendent en pèlerinage, nous ne sommes donc pas seuls !

Nous nous nous y rendons à pied car pour protéger l'édifice de la pollution, des mesures ont été prises interdisant toute circulation de véhicules à moteur alentour. La fermeture de toutes les usines polluantes a également été décidée. Il est préférable de s'y rendre soit le matin dès l'ouverture pour être un peu plus tranquille, ou en fin de journée pour profiter du soleil couchant qui donne des reflets rosés à ce magnifique mausolée, oeuvre suprême de l'art persan.

Le prince moghol Shah Jahan succomba aux charmes d'Arjumand Banu, une jeune musulmane perse, et l'épousa. Devenu empereur, il lui accorda le titre de Mumtaz Mahal, l'Elue du Palais. Mais en 1631, à l'âge de 39 ans, la reine meurt en mettant au monde leur 14ème enfant. Shah Jahan, terriblement affecté, fit construire le plus beau mausolée jamais construit par un homme pour son épouse. Le souverain fit assassiner la femme de l'architecte perse chargé de l'édification du monument afin qu'il puisse ressentir la grandeur de sa peine. Les travaux durèrent 22 ans, 22000 hommes y contribuèrent. De toute l'Asie des milliers d'éléphants ramenèrent des matériaux d'exception : le marbre blanc extrait du Rajasthan, le jaspe du Punjab, le lapis-lazuli du Sri lanka, la turquoise et la malachite du Tibet, le corail de la Mer Rouge, la cornaline de Perse et du Yemen, l'onyx du Deccan, les grenats du Gange et du Boundelkhand, l'Agathe de Jaisalmer, et le cristal de roche de l'Himalaya.
Sous le dôme, dans le mausolée, la chambre octogonale centrale renferme les cénotaphes de Mumtaz Mahal et de Shah Jahan. Un cénotaphe est un monument élevé à la mémoire d'une personne dont la forme rappelle celle d'un tombeau, mais il ne contient pas de corps. Les vrais tombeaux se trouvent dans une crypte souterraine, juste au dessous des cénotaphes.

Après une fouille minutieuse suite à des menaces d'attentat en 2007, nous franchissons le porche d'entrée de grès rouge très imposant et à travers une porte ogivale je découvre au loin la "Perle Blanche". Je suis submergée par la beauté de l'édifice qui semble flotter dans les airs et les mots se bousculent dans ma tête pour le décrire : incomparable, unique, fascinant, superbe, majestueux, époustouflant...

Nous avançons à travers un jardin et son canal central bordé de cyprès (symbole de la mort) au milieu d'une foule qui déambule tranquillement. A cette heure de la journée la température a baissé et une brise légère fait voler l'étoffe des saris multicolores des femmes. Impossible de prendre des photos à l'intérieur du mausolée dans lequel nous sommes poussés par la foule ; il fait sombre, dans une grande ferveur les gens sont agglutinés autour des cénotaphes.

Lorsque nous ressortons le jour tombe, nous restons encore un peu jusqu'à la tombée du jour ; la lune veille, plus de bruit, nous laissons le prince Shah Jahan et son épouse Arjumand Banu dormirent en paix.

Lorsque le mausolée fut terminé, l'empereur envisagea de faire construire une réplique du Taj Mahal pour lui-même, tout de marbre noir, sur l'autre rive de la Yamuna, qui aurait été relié au Taj Mahal par un pont de marbre jeté en travers de la rivière. Ce projet fut cependant contrarié et annulé. En effet, son fils, le futur empereur Aurangzeb, renversa son père et l'emprisonna au Fort Rouge. De là, il pouvait voir le Taj Mahal où reposait sa bien-aimée.

Aujourd'hui le Taj Mahal symbolise la diversité de la culture indienne, création menée par un empereur musulman sur les terres d'un peuple hindou et si l'humanité s'accorde à admirer cette oeuvre c'est peut être parce que l'amour, valeur universelle à la différence de la religion, en est l'inspiratrice.

A lire, le roman "Taj" de Timeri Murar, qui raconte l'histoire d'amour de Shah Jahan et d'Arjumand Ban, et la construction du mausolée.
Le Taj Mahal est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983.


Le Fort Rouge

Le lendemain matin, nous nous nous rendons au Fort Rouge ; là aussi déjà beaucoup de monde.
Quatre générations d'empereurs ont régné ici :
- Akbar (1542-1605),
- Jahangir (1569-1627 et fils de Bakbar),
- Shah Jahan (1592-1666 et fils de Jahangir)
- Aurangzeb (1618-1707 et 3ème fils de Shah Jahan).

Elevée entre 1565 et 1573, sous le règne d'Akbar, cette imposante forteresse de style moghol, avait une fonction principalement militaire. Sa construction fut poursuivie par son petit-fils Shah Jahan, qui modifia progressivement le fort en palais. L'enceinte de cette forteresse, qui compte parmi les plus grandes du monde fait 2,4 km de long. Chaque mur a plus de 21 m de haut. Le mur extérieur, haut de 12m, est séparé par un fossé profond de 11 m et large de 9 m, de l'enceinte intérieure qui atteint une hauteur de 21 m. A l'origine près de 500 ouvrages de défense, complétaient ces fortifications.

Après avoir franchi l'Amar Singh Dawârza (porte d'Amar Singh, un maharajah exécuté en 1644 par Shah Jahan), qui précède un autre bastion intérieur flanqué de deux tours, une rampe pour les éléphants nous permet une ascension en douceur pour atteindre l’ensemble palatial :
- le palais de Jehangir (fils d'Akbar), de style hindou et recouvert d'ocre rouge,
- le Diwan-i-Am, pavillon des audiences publiques,
- le Khas Mahal (palais privé de 1636) constitué de trois pavillons avec ses façades en marbre blanc, ses arcs polylobés et ses incrustations de pierres, construit par Shah Jahan pour son épouse bien-aimée et le Musammam Burj (tour octogonale) couvert d’un dôme de cuivre.

Ironie de l'histoire, c'est là que Shah Jahan fut enfermé pendant 8 ans par son fils Aurangzeb qui prit de force le pouvoir ; il y restera prisonnier jusqu'à sa mort. De là il avait une vue sur le Taj Mahal où repose son épouse,
- le Shish Mahal (Palais des Miroirs) et ses murs recouverts de minuscules miroirs provenant de Syrie; la lumière y est exceptionnelle,
- le Diwan-I-Khas, salles des audiences privées,
- La petite Nagina Masjid, ou Mosquée Bijou.
Ce qui m'a le plus étonné dans ce fort, ce sont ses puissants remparts de grès rouges et ses tours, adoucis par le marbre de ses palais.


Rêvons un peu

Après nous être arrêtés dans un restaurant pour déjeuner où un groupe de singe très curieux est venu nous voir, nous nous rendons dans une coopérative. Là, des artistes exercent l'art de la technique de la Pietra Dura sur des des plaques de marbre blanc. Bien sûr après la démonstration, possibilité d'acheter.

Avant de rentrer à l'hôtel nous allons dans un musée privé (Kohinoor Jewellers à Agra) tenu par le gendre de Monsieur Shams (il est décédé en 1989) pour y voir des broderies exceptionnelles en relief. Monsieur Shams a inventé l'art unique de la broderie en trois dimensions. D'abord, il dessine les croquis libres de ses sujets, ensuite il les brode en fils de coton plusieurs fois jusqu'à ce qu'il obtienne l'épaisseur et le mouvement nécessaire. En dernier lieu, il prend la fibre des fils de soie, il les tresse ensemble afin d'obtenir la couleur requise, le brode sur son oeuvre et incruste des pierres semi-précieuses. Nous verrons aussi des bijoux sortis des coffres pour nous et portés par de célèbres maharanis, on nous permettra même de les porter afin de rêver un peu...


Fathepur Sikri, la ville des prophéties

Après le petit déjeuner nous partons pour Fathepur Sikri situé à 40 km à l’Ouest d’Agra.

Doté d'une étonnante ouverture d'esprit et d'une grande intelligence politique, et bien que quasiment illettré, Akbar entreprend de profondes réformes, tant administratives que culturelles. Pour marquer sa tolérance religieuse il épouse de nombreuses princesses hindoues, musulmanes et même une chrétienne. Son épouse la plus importante reste cependant Jodha Bai, princesse rajpoute, qui donnera naissance au prince héritier Salim Jehangir. En 1568, n'ayant pas d'héritier mâle, l'empereur Akbal se rendit dans le petit village de Sikri pour aller voir un saint homme musulman, du nom de Salim Chisti. Le saint lui prédit la naissance d'un fils si son épouse venait s'installer dans le village. La prédiction se réalisa en 1569. A la demande du saint homme et pour le remercier Akbar fit construire une nouvelle capitale qu'il appela Fatehpur Sikri (Cité de la Victoire) à l'architecture d'influence musulmane et hindoue. A partir de 1586 elle fut abandonnée faute d'alimentation de la nappe phréatique et devint une cité fantôme. De cette beauté éphémère reste de superbes monuments de grès rouge.

Fatehpur Sikri est d’autant plus intéressante à visiter grâce à la palette d’arts représentés : on retrouve la culture jaïn, moghole, perse, hindoue, turque et bouddhique.

L’accès à la ville fantôme du "Grand Moghol" se fait par la porte d’Agra d’où, dans l’immense cour, on aperçoit le Diwan-i-Am (hall des audiences publiques) avec ses arcs et colonnades en grés incrusté.
Un crochet de pierre fixé en terre, servait selon la légende, à attaché Hiran, l’éléphant royal d’Akbar, qui avait le triste privilège d’écraser, sous son pied, la tête des condamnés.

La Jama Masjid, mosquée construite en 1571 qui serait la copie de celle de la Mecque. Elle mesure 168 mètres sur 144 et dispose d'une grande cour intérieure, dans laquelle se trouve le tombeau de Salim Chisti aux panneaux en marbre délicatement ajourés.

Il est très agréable de déambuler à travers les divers bâtiments et salles :
- Le Diwan-i-Khas (salle des audiences privées) possède en son centre le plus célèbre des ornements de l’architecture moghole. Il s’agit d’une colonne qui s’épanouit en une série de 36 corbeaux en volutes (les corbeaux sont des éléments de support à rôle décoratif). Unique en Inde, ce pilier central est surmonté d’un balcon circulaire accessible par quatre passerelles (aux balustrades en pierre ajourée). Au cours des audiences, le souverain siégeait au centre et ses ministres aux quatre coins.
- À l’ouest de la cour, de forme pyramidale, se dresse le Panch Mahal. C’est un pavillon à 5 niveaux, de tailles décroissantes et entièrement ouverts, dont les piliers de formes différentes à chaque étage sont admirablement sculptés. On peut compter 84 colonnes au rez-de-chaussée, 56 colonnes au premier étage, et seulement quatre piliers pour supporter le kiosque du dernier étage.
- Le Pavillon de la sultane turque mérite une visite pour son élégant portique, richement sculpté, imitant une structure en bois. Il servait de chambre de chambre à l'une des femmes musulmane d'Akbar. La décoration intérieure des murs est un exemple de finesse du travail sur pierres: feuillages, fleurs, oiseaux, bêtes sauvages, mêlant les influences hindoues, musulmanes et chrétiennes.
- Le Palais de Jodh Bai, de style hindo-musulman, doit son nom à la mère de Jahangir, fils d'Akbar. Il se trouve à l'endroit qui constituait autrefois l'entrée de la cité. Il dispose d'un Hawa Mahal (Palais des Vents) qui est un mur percé d'une multitude de fenêtre en claires-voies permettant aux femmes de regarder à l'extérieur sans être vues.
- Sunahra Makean, palais de l'épouse chrétienne d'Akbal. Là encore de beaux restes de polychromie; du temps de la splendeur de Fatehpur Sikri ce bâtiment était entièrement doré.
- Le Ankh Michauli servait à l'empereur pour jouer à cache-cache avec les femmes du harem! Plus sérieusement certains historiens pensent qu'il servait de dépôt pour le trésor d'Akbar.
- L'Anup Talao est une plate-forme entourée d'un bassin situé devant les appartements d'Akbar, que le très célèbre Tansen chantait et louait.

Nous passons presque toute la matinée pour découvrir cette ancienne capitale où règne une ambiance particulière, inscrite au patrimoine de l'UNESCO depuis 1986. A bientôt pour le prochain et dernier carnet de voyages...



Agra est une ville où faut absolument s'arrêter pour découvrir pour le Taj Mahal bien sûr, mais où il faut également consacrer un peu de temps à la visite du Fort Rouge. Je ne peux que recommander d'aller déambuler dans la ville fantôme de Fathepur Sikri, loin de l'agitation des villes indiennes.
Après ces trois visites, vous n'aurez comme moi, sans doute qu'une envie : vous plongez ou replongez dans la longue histoire indienne de ses empereurs moghols.

Voyage raconté par icare

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Recommandations pour ce voyage

Les plus...

  • Le Taj Mahal, tôt le matin ou en fin de journée
  • Le Fort Rouge
  • Fathepur Sikri, le matin à l'ouverture
  • Achats de marbre incrusté dans les coopératives

Les moins...

  • Attention aux achats dans la rue de marbre incrusté de pierres semi précieuses qui sont, en réalité, du verre coloré
  • Fausses pierres sur le d'Agra ; préférer les magasins approuvés par "UP Tourism", bien que la qualité des pierres véritables ne soient pas garantie
  • Si paiement par CB (système du fer à repasser), demander le carbone car certains joaillers rajoutent un zéro au prix

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