S’il est un voyage d’où l’on revient bouleversé et émerveillé, c’est bien celui qui conduit à Lhassa. À côté des images gravées dans ma mémoire, toutes les photos ne parviennent pas à révéler la magie des paysages et les rencontres avec ces gens qui ouvrent une dimension nouvelle dans le cœur. Je vais essayer de trouver les mots pour vous faire partager l’enchantement d’un tel voyage.
Voyage "sac à dos" en Chine de 3 semaines (Novembre 2010) raconté par ispahan
Ce matin le trajet va me mener vers un de mes rêves de voyages : Lhassa et son Potala.
Pour cela, il nous faudra encore passer par trois hauts cols : le premier col à 4300 mètres, le col de Simu donne une vue magnifique sur les montagnes.
Le deuxième col est celui de Karola, 5 100 mètres au pied du Norzing Kansar qui culmine à 7 200m avec ses neiges éternelles et sa magnifique calotte glacière. Le glacier quant à lui est énorme, propre et acéré avec en contrebas un petit stûpa et des inscriptions en chinois mentionnant l’altitude du géant. En face de la route, se trouvent des vendeurs de pierres et minéraux.
Nous reprenons la route qui nous mène vers Nagartsé à 4400 mètres où nous nous posons pour déjeuner. Je choisi là un resto sympa qui propose un buffet végétarien très sympa. Après quoi, je m'assoie dans l'angle d'une rue face à une école où j'assiste à la sortie des classes. Le même rituel que si je me trouvais à Paris ou à Montréal, les enfants cours et retrouvent des parents ravis de les récupérer.
Nous reprenons la route qui longe maintenant le lac Yamdrok Tso (lac turquoise) qui avec ces nombreux oiseaux et canards migrateurs et quelques chevaux sauvages me laisse rêveur face à ce paysage de carte postale. Encore un col à franchir à 4 800 m, le col de Kamba-La d’où on a une très belle vue sur le lac, puis la route descends et tout le long on peut voir les ardoises entassées. Plus loin dans la vallée, on peut apercevoir Le Brahmapoutre - qui signifie fils de Brahmâ.
Fleuve de l'Asie du Sud, long de 2 900 kilomètres, prenant sa source à 5 000 m d'altitude, dans la chaîne himalayenne des Kailas, au glacier Kubigangri, près de Lhassa de plus il parcours trois pays différents, il porte un nom différent suivant la partie de son cours, le Yarlung Zangbo au Tibet, le Brahmapoutre dans sa partie indienne et enfin Jamuna dans sa partie bengalie. Les contrôles policiers se multiplient radars, check point , nous approchons enfin du but. Le long de la route, les arbres sont dénués de feuilles et tous rachitique ça donne une drôle d'impression pas très rassurante.
Nous passons le tunnel qui nous permet d'arriver à Lhassa plus précisément sa banlieue avec ses habitations en bétons, HLM et drapeaux communistes, un mélange de ville traditionnelle étouffée dans une ville à la pointe de la technologie avec de grands encarts publicitaires qui jaillisse de toute part et nous rappelle que nous sommes aussi et malheureusement en Chine.
Nous approchons du centre mais on n'aperçois toujours pas le Potala... tel un gamin à qui ont a promis une sucrerie, je deviens de plus en plus impatient. Nous stoppons en plein centre et nous récupérons nos bagages pour nous diriger vers notre hôtel qui se révèle une pure merveille. Les bâtiments forment une court et la chambre est décoré dans le plus pur style Tibétain. Vraiment un très bel hôtel qui se révèle être situé à deux pas du temple du Jokhang.
Aussitôt installer, aussitôt repartis, direction le centre ancien où chaque jour, depuis le rétablissement de la liberté des cultes, après avoir franchi de hauts cols et venant parfois de très loin, de nombreux pèlerins accomplissent mètre par mètre leur chemin de prière autour du Jokhang, le lieu saint du vieux Lhassa. Ils progressent sur le circuit rituel en faisant des kjangchag : ces prosternations consistent à se jeter à plat ventre, à se relever et recommencer à l'endroit où les mains ou le front ont touché le sol.
En tournant tout autour du temple à moment, surprise, au loin se dessine le Potala mais la nuit commence à tomber, je décide donc de retourner à l'hôtel pour un premier contact avec Lhassa, je m'endort la tête pleine de la ferveur qui règne en ces lieux.
Ce matin, nous partons à la découverte du Potala.
Il est 10 heure du matin et des centaines de tibétains se pressent en direction du Potala, certains se prosternent, comme devant le Jogkar, il y a beaucoup de personnes âgées qui se déplacent avec beaucoup de mal mais leur ferveur pousse au respect. Certains font tourner leurs moulins à prière, et d'autres récitent des mantras. Nous passons le poste de control avec passage de nos sacs au rayons X et nous passons sous un porche détecteur de métal puis nous voila dans le saint des saints.
Le Potala, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1994. Bâti sur une colline haute de 130 mètres, la colline de Marpari (« la colline rouge »), le palais du Potala domine, avec ses treize étages et ses mille pièces la ville de Lhassa, il a été bâtit de 1645 à 1694, cela employa 7 000 ouvriers et 1 500 artistes et 300 000 tonnes de bronze furent coulées dans les fondations pour qu’elles résistent aux secousses sismiques. C’est le 5ème Dalaï Lama qui décida d’ériger ici sur l’emplacement d’un ancien palais de l’empereur Sangtsen Gampo, le Potala pour ses “bonnets jaunes”.
Potala est le nom d’une montagne en inde, dédiée à Avalokitshvara (Tchenrezig en tibétain) qui incarne la compassion. Le Potala est également le lieu de résidence d’hiver du Dalaï lama et était le siège du gouvernement tibétain. L'escalier principal, qui gravit la colline depuis l'est, se divise à mi-hauteur : l'escalier de droite monte vers le palais blanc, l'escalier de gauche monte vers le palais rouge.
Le palais blanc est la partie du palais qui est affectée aux quartiers de résidence du dalaï-lama. Le premier palais blanc fut construit sous le règne de Lozang Gyatso, le 5e dalaï-lama, au XVIIe siècle. Il fut ensuite étendu par le 13e dalaï-lama, Thubten Gyatso, au début du XXe siècle. D'usage séculier, le palais contenait les quartiers d'habitation, les bureaux, le séminaire et l'imprimerie. Une cour intérieure centrale peinte en jaune, la Deyang Shar, sépare les quartiers d'habitation du Palais rouge. Elle servait aux cérémonies et aux danses religieuses.
Le palais rouge est la partie du palais qui est entièrement vouée à l'étude religieuse et aux prières bouddhistes. D'un plan complexe, il abrite de nombreuses entrées, chapelles et bibliothèques sur plusieurs niveaux, reliées par beaucoup de petites galeries tortueuses. Il abrite surtout les sépultures des dalaï-lamas.
C'est dans cette partie que nous pouvons voir les stupas des différents dalaï-lamas. Le tout est peint de toutes les couleurs, décoré de tentures et de poutres ciselée. Avec partout de nombreux représentation de bouddhas et des offrandes. Ici les photos sont interdites. Le mausolée du 7ème Dalaï-lama construit avec 500 kilos d’or, des turquoises, des coraux, des lapis lazuli, l’effigie en bois de santal de Avalokiteshvara divinité la plus populaire et la plus sollicitée du Tibet.
Il incarne la compassion et prend au Tibet le nom de Tchenrézi , ce qui signifie "celui qui regarde avec compassion". Le Dalaï-lama est considéré comme sa réincarnation.
Puis un fort moment dans la pénombre de la grotte de méditation de Songsten Gampo, juste au dessus de la plus ancienne partie du Potala, également le mausolée du 5ème Dalaï-lama avec 3 721 kilos d’or et 10 000 pierres précieuses dont une perle qui aurait été trouvée dans la cerveau d’un éléphant.
La visite nous fait passer par la salle d’audience du Dalaï-lama mais, là, je suis pris d'une grande envie de hurler 'POURQUOI' ! Oui pourquoi avoir transformé cette pièce qui laisse apparaitre tous le faste et la ferveur du passer en dortoir et coin cuisine pour chinois bien gras et irrespectueux de l'histoire des autres. Oui il reste bien dans la salle les coussins sous plastique qui attendent le retour improbable du maitre des lieux, mais il y a aussi au milieux de la salle jeté à terre négligemment des centaine de sanskrit.
Comme si le fait de ne pas respecter ces lieux ne suffisait pas, les chinois ne font rien pour cacher une humiliation de plus. Je sors de cette salle le cœur serré et très triste en pensant à la gentillesse de ce peuples tibétains croisé un peu partout et qui doit composer avec l'irrespectueux dragon chinois.
16h, je profite de cette fin d'après midi pour visiter le temple Jokhang. Premier temple bouddhiste au Tibet, fut construit par le roi tibétain Songtsen Gampo au début de l'année 639 pour fêter son mariage avec la princesse Tang chinoise Wencheng, une bouddhiste. Il fut, avec le Ramoché, l'un des premiers temples construits à Lhassa au VIIe siècle ; il est l'un des plus vénérés de tout le Tibet car il abrite une statue du Jowo, représentant le jeune Bouddha qui aurait été sculptée de son vivant. Dans les derniers siècles, le complexe a été étendu et recouvre maintenant 25 000 mètres carrés.
Je passe 2 heures dans le temple à déambuler. Il n'y a pas plus d'une dizaine de touristes et, au fur et à mesure, les moines regagnent le temple et l'emplissent de ferveur et de joie avec leurs sourires qui fait rayonner leurs visages.
Après cette agréable moment en compagnie des moines, je pars à la découverte des rues avoisinantes avant de me poser dans un restaurant indien où je déguste un plat de mouton fabuleux accompagné d'un chees nam exceptionnel, puis retour à l'hôtel.
Ce matin, départ pour la visite du monastère de Drépung fondé en 1 416. Vers 1 650, ce monastère était le plus grand du monde avec une surface de 200 000 mètres carrés et plus de 10 000 moines. Aujourd'hui ils ne sont plus que quelques centaines.
Dans ce monastère, la salle de prières est vivante en permanence, des moines sont là en lecture ou prières. Plus loin, une salle tout à fait spéciale, la cuisine avec ces vastes chaudrons. On découvre ici une cuisine sorti d'un autre temps. Nous profitons d'un long moment passé dans le temple à se promener et s'enivrer de l'atmosphère qu'il règne en ces lieux.
Nous continuons notre visite par le monastère de Sera fondé en 1 419, comme les monastères de Drepung et Ganden, il comprenait trois universités. Séra abritait encore plus de 5 000 moines en 1959. Bien que très endommagé lors de l'invasion chinoise du Tibet, puis sous la révolution culturelle, il a été restauré et abritait environ 550 moines début 2008. Après les troubles au Tibet, en juin 2008, il n'en restait plus qu'une poignée. En décembre 2008, il n'y en aurait qu'une centaine, les autres se trouveraient peut-être en prison à Nyintri dans le Kongpo (Est du Tibet).
C'est en arpentant les différentes allées que je me retrouve dans une cour empierrée et ombragée où je tombe en plein débats théologiques. Ce sont les fameuses disputes des collèges (tratsang) analogues à nos « thèses » du moyen âge où chacun à tour de rôle défend une position morale ou philosophique dans les règles de l’art oratoire.
Les moines sont ici par groupes de quatre ou cinq, tous sont assis sauf un debout, qui expose sa thèse en se dandinant d’un pied à l’autre et faisant quelques pas, concluant chaque argument d’un fort claquement de mains au nez de ses contradicteurs. Cela ressemble plus à un spectacle avec une bonne mise en scène qu'à de véritable débats, il faut bien le reconnaitre. Il parait que les moines les plus jeunes se forment ainsi en écoutant leurs ainés.
Les chants de femmes m'attirent devant l'entrée de la grande salle de prières. Là une bonne vingtaines de femmes chantent en se tenant par la main et en formant un cercle. Il s'agit d'après un tibétain qui baragouine l'anglais de femmes venues d'un village des hauts plateaux qui sont en pèlerinages. Quelle chance de pouvoir participer ainsi à leur pèlerinage.
Tout début d'après-midi, le bus nous ramène en ville. Après une courte pause déjeuner, je décide de me rendre au palais du Norbulingka qui servait autrefois de résidence d'été aux dalaï lamas depuis sa construction en 1 780 et jusqu'au 17 mars 1 959, date à laquelle 2 obus tombèrent dans le jardin conduisant, le soir même, le 14e dalaï lama à s'exiler du Tibet pour l'Inde. En 2001, l'UNESCO l'inscrivit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité comme une partie de l'ensemble historique du Palais du Potala.
C'est dans ce parc, après la visite émouvante des dernières pièces où vécut le 14em dalaï lama et qui semble attendre son retour que j'ai fais une rencontre pleine d'émotions. Après avoir fait le tour du parc et m'être prêté au jeux des photos que me demandaient de prendre les tibétains en visite avec eux, sur le chemin du retour, je croise un moine qui, entouré de quelques tibétains, me salue avant de me demander dans un anglais timide de quelle pays je viens. A ma réponse, son visage s'éclaire, son éclatant sourire, il me stop en me prenant les mains, c'est un homme d'une soixantaine d'années, il me fait comprendre qu'il admire notre pays et qu'il le trouve très beau et bien à l'écoute de la cause tibétaine et me demande de ce que je pense du sien. Je lui dis que le Tibet est un bien beau pays, il s'approche de moi et me chuchote que son pays était bien plus beau avant l'occupation. Alors que nous conversons je vois au loin un homme en uniforme et deux hommes en civil se diriger vers nous, ne souhaitant créer de soucis à personne, je souhaite au moine de connaitre un jour son pays de nouveau libre et le quitte un peu précipitamment.
Je pense que j'ai bien fait car jusqu'à la grille du parc le petit groupe de trois ne me quittera pas de vue. C'est le cœur triste que je retourne à l'hôtel et sans joie que je me couche vidé de mon énergie par ce moment qui, pour moi, fut intense et restera gravé à jamais en moi.
Ce matin, avant le départ pour l'aéroport, je rejoins le flot des pèlerins qui marchent autour du temple Jokhang. Accompagné par le roulement des moulins à prières et la douceur des premiers rayons du soleil, je fais trois fois le tour du temple comme le font les pèlerins. Une manière de dire au revoir à Lhassa, au Tibet et à son peuples.
Dans quelques heures, je prends l'avion pour Katmandou. J’emporte avec moi le bleu du ciel, le turquoise des lacs, le brun de la terre, le pourpre des robes des moines. L’arc en ciel des drapeaux de prières flottant en haut des cols enneiger, sur les montagnes sacrés où sur les toits des maisons.
Des couleurs et une image, comme un cliché qui restera indélébile : la silhouette d’un moine Tibétain avec à la main un chapelet et dans la tête le souhait d'un TIBET LIBRE.
Ce matin, je retrouve Laurent de l'agence Terre de Népal qui, comme convenu, me rembourse les extras des chambres prit par l'agence chinoise. Vraiment, je suis très content de ses services. Du jour de notre premier contact sur internet à aujourd'hui, il n'a jamais remis en cause une seule ligne de tout ce que nous avions convenu pour ce circuit. N'hesiter pas à contacter Laurent qui, je suis sûr, trouveras une proposition adaptée à votre rêve.
http://terresdunepal.com
Puis je reprépare mon sac pour le départ car je vais profiter d'une semaine à Bangkok dans un hôtel avec la chambre vue sur Le Chao Phraya. Un peu de luxe ne peut pas nuire LOL.
C’est la fin de ce voyage et, bien sûr, je ne vous ai pas tout dit. Les mots écrits manquent d’espace pour exprimer l'étendu et le ressenti d'un tel séjour. Sachant qu’une fois fini, tout recommence. Je vous propose de méditer ensemble, comme cela le voyage entreprit se poursuivra encore un peu.
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