Je reviens d’un pays qui semble se trouver dans un autre monde. On peut pourtant le placer sur une carte : Tanah Toraja, Sulawesi. Cette région est un lieu hors du temps où les nuages viennent par vagues se nicher dans les vallées des montagnes sculptées par les rizières. Dans le camaïeu infini de verts qui nous entourent, on aperçoit parfois le toit en forme de bateau des Tongkonan, maisons sur pilotis à l’architecture extraordinaire, ornées de symboles ancestraux.
Stage à l'étranger en Indonésie de (Octobre 2012) raconté par marine21
Dans ce pays enveloppé de mystères et de mystique, la mort ne fait pas peur car les défunts ne sont jamais oubliés.
Au détour d’un village, on passe devant une procession funéraire où de nombreuses tombes en forme de mini Tongkonan, et même les lieux touristiques sont des cimetières, où les cercueils sont encastrés dans la roche, les ossements humains à même le sol, et les statues en bois des morts semblent nous observer.
La mystique nous enveloppe et on se prend au jeu : ici, les morts marchent, et on y croit !
Pour les funérailles, on compte sur la famille élargie et sur plusieurs générations afin de les financer. Il faut dire qu’elles durent au moins une semaine, et les préparatifs plusieurs mois.
Il s’agit de créer une sorte d’arène où un terrain boueux est entouré de « gradins-tongkonan » en bambous, temporaires certes, mais hauts de plusieurs étages pour certains.
Tous sont patiemment peints de ces symboles rouges, jaunes, noirs et blancs, dont le sens est facile à deviner.
Si les cérémonies coûtent si cher, ce n’est pas tant pour ce « décor » impressionnant, mais c’est surtout pour acheter des animaux, en particulier des buffles. Ces animaux tiennent une place privilégiée dans la culture Toraja.
Le temps d’économiser pouvant parfois se compter en dizaine d’années (l’autre jour, c’était la grand-mère de la grand-mère d’un ami qu’on célébrait !), le corps du défunt est momifié puis conservé dans le Tongkonan familial.
Les buffles, qui valent une fortune, notamment les albinos, sont d’abord fièrement exposés par leur propriétaire sur le terrain central, sûrement pour permettre aux hommes de parier discrètement.
Ensuite, les duels commencent et sont beaucoup moins spectaculaires que ce que l’on pourrait imaginer : ils préfèrent brouter l’herbe plutôt que de se battre ! Lorsqu’un buffle se décide à attaquer, l’autre a tellement peur qu’il se rue vers la sortie…
Le sang ne coule donc pas pendant cette étape de la cérémonie, mais il gicle quelques jours plus tard lorsque les buffles sont égorgés sur le terrain.
Je n’ai jamais assisté à ce spectacle sanglant mais je pense qu’il faut avoir les boyaux bien accrochés pour regarder les buffles tomber un à un dans un bain de sang sans tourner de l’œil.
La viande sera partagée, la peau transformée en cuir et les cornes orneront l’entrée des Tongkonan.
Lors de ces cérémonies, j’étais souvent la seule femme à y assister, mais toutes les générations (d’hommes) étaient présentes : du grand-père au petit-fils, les traditions semblent se transmettre.
Cette culture est tellement énigmatique que l’on a l’impression que les Toraja protègent fièrement un secret impénétrable…
Une culture aux secrets impénétrables, aux traditions encore préservées et authentiques, des paysages à couper le souffle... Bienvenue en pays Toraja! Un des endroits les plus exceptionnels où je suis allée.
Voyage raconté par marine21
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