Approche tibétaine : région de l'Amdo (2ème partie)

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Après 10 jours passés entre Pékin et X'ian, nous arrivons dans la région de l’Amdo, une des anciennes régions du Tibet historique (ou Grand Tibet), souvent méconnue.
Voici donc cette approche tibétaine qui nous a fait tant rêver... Elle nous a également permis de nous acclimater à l'altitude avant de rejoindre la mythique Lhassa par le train le plus haut du monde.

Photo de voyage en  Chine

Voyage organisé en Chine de 3 semaines (Novembre 2015) raconté par icare

Région de l'Amdo (Tibet historique)

Après une nuit en train couchettes nous arrivons à Xiahe (2 960m), dans la province du Gansu. J'ai la sensation de quitter la Chine car nous entrons dans le pays tibétain de l'Amdo ("le pays des chevaux").

Pour mieux asseoir son autorité sur la région et pour éviter tout retour en arrière, après son annexion en 1959, le régime chinois redessina le Tibet en 1965, en l'amputant des provinces de l'Amdo (intégrée dans les provinces du Qinghai, du Gansu et du Sichuan) et du Kham (une partie du territoire est partagé entre les provinces du Sichuan et du Yunnan). Les noms de ses deux vastes régions ont ainsi été rayés des cartes chinoises et près de 4 millions de Tibétains se sont retrouvés hors des frontières de la "région autonome". Pour autant, les habitants ont gardé leurs traditions et leur inaltérable ferveur religieuse en est la preuve.

L'Amdo est la patrie de plusieurs lamas importants du bouddhisme tibétain, qui furent d'une grande influence sur le développement religieux et politique du Tibet dans son ensemble, comme le grand réformateur Tsongkhapa, le 14ème dalaï-lama et le 10ème panchen-lama.


Xiahe: le monastère de Labrang (2 960m)

Xiahe est connu pour le monastère de Labrang, l’un des six grands monastères Gelugpa (Bonnets Jaunes), école du bouddhisme tibétain, dont le dalaï-lama est l’autorité spirituelle.

Ce monastère, fondé en 1709 par le premier Jamyang Zhaypa, Ngawang Tsondru (1648-1722), accueille le plus grand nombre de moines en dehors de la région autonome du Tibet (à son apogée le monastère accueillait près de 4 000 moines), environ 1000 moines y vivraient actuellement.

Labrang abrite six collèges ou instituts monastiques (appelés tratsangs) enseignant la médecine tibétaine, la haute et basse théologie, l'astrologie, l'enseignement du bouddhisme ésotérique et le droit. Fermé en 1958 par les autorités chinoises, le monastère a été réouvert comme monastère fonctionnel par le 10ème panchen-lama en 1980. A tous moments la région peut être interdite aux voyageurs étrangers en cas de révoltes ou de contestations tibétaines (comme en 2008 et 2012).

Notre hôtel tibétain est situé tout près du monastère et dès le lendemain matin, avant le petit-déjeuner, nous entamons le kora (promenade méditative tibétaine) en nous fondant aux pèlerins le long des moulins à prières. Dans la matinée nous retournons dans la cité monastique, c'est un éblouissement.

La visite des principaux bâtiments, le temple Manjushri, le Serkung (Temple d'Or ) et la principale salle de prières (salle des Grands Sutras), ne peut s'effectuer que dans le cadre d'une visite guidée en anglais. A l'intérieur, les photos sont interdites.


Suite de la visite du monastère de Labrang

Le monastère de Labrang, porte bien son nom de "petit Tibet", il couvre une superficie de 87 hectares et j'aurais aimé rester un peu plus longtemps pour le découvrir entièrement.

Poursuivons la visite avec l'Institut de Médecine (la médecine tibétaine est maintenant enseignée à l'hôpital de médecine tibétaine de Xiahe), le temple de Manjushri, le Serkung (le Temple d'Or), la principale salle de prières (la Salle des Grands Sutras), et la Pagode Gongtang avec son monumental chörten doré.

Mais grande déception, au moment de visiter le Barkhang (l'imprimerie), nous apprenons que celui-ci est fermé, pourquoi? Nous ne le saurons pas. Les moines impriment encore aujourd’hui de façon traditionnelle, sur du papier de riz, des textes sacrés et profanes.
Dans son livre, "Au pays des brigands gentilshommes" (1933), Alexandra David-Néel évoque son séjour à Labrang en mars 1921.

Je suis tombée sous le charme de ce monastère avec ses bâtiments aux couleurs chaudes ou blanchis à la chaux et ses toits dorés. Il semble actuellement bien tranquille, mais il est l'objet d'une surveillance accrue, espérons que moines et population puissent vivre sereinement.


Le village de Bajiao

Nous prenons la route vers Taer’si à travers un paysage de steppes, où les nomades tibétains et leurs troupeaux de yaks établissent leurs campements d’été. Après le passage d’un col à 3 648m, le paysage change et la steppe se transforme en montagnes et canyons.

A une trentaine de kilomètres de Xiahe, nous arrivons dans le village fortifié de Bajiao, entouré de falaises abruptes. C'est un village datant de la dynastie Han (221-207 avt JC), vieux de plus de 2000 ans. Il a conservé de l’époque des invasions mongoles des remparts dodécagonaux, en forme de croix, en terre de plus de 10 m de haut, des portes permettaient d'y pénétrer. Bajiao fut un centre prospère d'échanges de produits agricoles et d'élevage.


Le monastère bön de Tseway

Avant de quitter la région de l'Amdo, nous allons au gompa (monastère) bön de Tseway.
C'est l’un des 350 temples existants de la religion bön et l'un des rares de la province du Gansu. Détruit pendant la Révolution culturelle il a été reconstruit en 1982.

Cette religion pré-bouddhique comportait des éléments animistes et tantriques aux origines mal connues, mais certains rites et textes bön furent intégrés au Bouddhisme quand il s'est s’est répandu.

"Ce n'est qu'au VII siècle après J.C. que le bouddhisme fut introduit au Tibet. Le "Toit du Monde" est en effet l'une des dernières grandes nations asiatiques à s'être convertie à cette tradition. La conversion du peuple tibétain fut rapide et complète. La religion bön qui existait dans le pays et qui occupait une place importante dans le quotidien des tibétains, fut beaucoup moins pratiquée et donc ainsi quelque peu oubliée. Cette religion fait pourtant partie intégrante de l'identité tibétaine et ceci est si vrai et essentiel dans l'histoire de ce peuple que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et le gouvernement en exil, l'ont officiellement reconnue en 1987 comme étant la 5ème école tibétaine". (Extraits d'une interview donnée par le Lopön Tenzin Namdak, l'un des grands maîtres actuels de cette tradition).

Cette reconnaissance officielle a été accueillie avec soulagement par la population bönpo après des siècles de rejet. Cette cinquième école spirituelle tibétaine inclut le Bön ancien, le Yungdrung Bön et le nouveau Bön.

S'il existe des monastères bön dans tout le Tibet, la plus forte concentration se situe dans la région du Kham et la région du Mont Kailash. Au Tibet central, le siège principal du bön est le monastère de Yundrung Tashinling, près de Shigasté.

Les deux principaux monastères bönpos Menri (fondé en 1405) et Yungdrung Ling (fondé en 1834) ont été détruits au Tibet après 1959. Les réfugiés sont d'abord allés à Dolanji, en Inde puis aussi à Katmandou, au Népal, à partir de 1986. Sa Sainteté Lungtok Tenpai Nyima Rinpoche est le chef spirituel du monastère de Menri à Dolanji, et Yongdzin Tenzin Namdak Rinpoche est le fondateur du monastère de Triten Norbutse à Katmandou.


Monastère tibétain de Kumbum

Surprise ce matin au réveil, il a neigé dans la nuit. C'est sous un ciel gris et une pluie fine que nous partons pour la visite du monastère de Kumbum (à 2 600m d'altitude), situé à 25 km de Xining, capitale de la province de Qinghai (dans l'Amdo, ancienne région du Tibet historique).

Le premier temple du monastère a été édifié en 1560 par Oser Gyamtso, à la demande du IIIème Dalaï-Lama, sur le lieu de naissance présumé de Tsongkhapa (né en 1357), fondateur de la secte des Bonnets Jaunes. C'est l'un des six grands monastères de l'école Gelugpa du bouddhisme tibétain (les autres monastères étant Labrang, Sera, Drepung, Ganden et Tashilumpo), à laquelle appartient l'actuel dalaï-lama,Tenzin Gyatso, né le 6 juillet 1935 à Taktser (Hongya), tout près du monastère, accentuant ainsi son importance aux yeux des tibétains.

La légende affirme qu'à l'endroit où Tsongkhapa est né, du sang serait tombé sur le sol et un arbre de santal blanc aurait poussé. Par son pouvoir, Tsongkhapa aurait marqué chacune des 100 000 feuilles de cet arbre d’images de déités tibétaines. D'ailleurs "Kumbum" signifie en tibétain "Cent Mille Images".
Pendant la période communiste, le monastère a été fermé un certain temps, mais les bâtiments furent protégés pendant la Révolution culturelle. D'importants travaux de restauration ont été entrepris, à la suite du tremblement de terre de 1990.

Le complexe monastique regroupe plusieurs bâtiments dont les plus importants sont: Le Chorten de 13 mètres de haut, le Grand Pavillon au Toit d'Or, le Petit Pavillon au Toit d'Or, le Temple de la Longévité, le Pavillon de la Méditation, le Pavillon de Maitreya (Bouddha du Futur), le Pavillon des Neuf Salles, le Pavillon des sculptures de beurre de yaks, etc... Neuf salles sont ouvertes au public, les photos sont interdites à l'intérieur.

Le père Régis Évariste Huc (1er juin 1813- 27 mars 1860), religieux français de l'ordre des Lazaristes, qui fut missionnaire en Chine au XIXe siècle, y séjourna avec quelques compagnons en 1845. Il perfectionna sa pratique de l'écriture et de la langue tibétaine et étudia le bouddhisme. Il évoque longuement ce séjour dans son livre "Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet" (Tibet est parfois orthographié "Thibet", notamment dans les récits de voyages).

Lorsque l'exploratrice française Alexandra David-Neel (1868-1969) y résida avec Aphur Yongden (en 1914, elle rencontre le jeune Aphur Yongden au Sikkim, âgé de 15 ans, dont elle fera son fils adoptif en 1929) de juillet 1918 à février 1921, le monastère comptait 3 800 moines.

Même si le monastère comporte de beaux monuments, les Chinois ont considérablement transformé le site en musée pour touristes.



Cette incursion dans la région de l'Amdo n'a pas été assez longue à notre goût, mais il est tout à fait possible d'effectuer un circuit sur la routes des monastères et en plus, à la différence de la Région Autonome du Tibet, aucun permis n'est exigé pour circuler.
La visite du monastère de Kumbum sous la neige reste un souvenir inoubliable!

Voyage raconté par icare

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Recommandations pour ce voyage

Les plus...

  • La visite du monastère de Labrang est incontournable
  • Privilégier les hôtels et restaurants tibétains, plus authentiques
  • Aller dans les petits villages où l'on fait parfois de belles rencontres
  • Bonnes chaussures de marche et vêtements chauds (et moins chauds aussi d'ailleurs)

Les moins...

  • Les Tibétains sont tolérants avec les touristes, mais demander toujours la permission pour les prendre en photos. Sinon travailler avec le zoom ou en toute discrétion
  • Les Tibétains sont de redoutables commerçants, inutile de marchander les prix sont, en principe, justes
  • Ne pas se tromper de sens pour faire la circumambulation (les fidèles y sont extrêmement sensibles)

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