Après mon magnifique périple qui m'avait conduit de Milan à la Toscane, j'ai décidé de repartir pour une petite semaine, en septembre, pour découvrir un autre coin de cette Italie dont je suis définitivement tombé amoureux...
Voyage "sac à dos" en Italie de 1 semaine (Septembre 2017) raconté par bentec
Après avoir pris l'avion jusqu'à Milan-Linate (j'ai pas trouvé de vol direct!) et rejoint la stazione Centrale de Milan (comme on se retrouve!), le train m'amène à Turin en une heure, où je descends à la stazione Porta Nova en début d'après-midi. Ma petite chambre Airbnb n'est qu'à 10 minutes de la gare.
Turin, c'est le chef-lieu du Piémont. Au loin, les Alpes se dessinent avec quelques sommets enneigés, j'ai tout loisir de les contempler en venant par le train! Il faut dire que le Piémont est limitrophe avec le Val d'Aoste et la Suisse.
Voyons voir ce premier contact avec Turin, à pied comme d'habitude. Hé bien, ça me rappelle un peu Milan, avec de longues rues rectilignes se croisant à angle droit et de beaux et imposants immeubles. Ah tiens, il y a même des tramways!
Le centre-ville se rapproche, je découvre les belles Piazza Carignano et San Carlo, ainsi que des arcades longeant certaines rues: après Milan, c'est Bologne qui me revient en mémoire! Elle me semble déjà bien plaisante, cette ville de Turin, il est dommage qu'elle soit boudée au profit de Milan ou Venise. Elle traîne (à tort!) une réputation de ville industrielle, ennuyeuse... grosse erreur! Par exemple, savez-vous qu'elle fut la première capitale du royaume d'Italie de 1861 à 1865, avant de "passer la main" à Florence, puis Rome?
Pas terrible, la météo, il fait gris et il commence à pleuviner (désolé pour l'aspect terne de mes premières photos!). J'arrive enfin au coeur de la ville, sur la Piazza Castello. Elle est entourée d'arcades abritant plein de p'tits bars et restos, qui attirent pas mal de monde. En son centre trône l'étonnant Palazzo Madama, un chateau médiéval auquel une façade baroque fut rajoutée au 18ème siècle, pas mal comme résultat! Il abrite le Musée municipal d’Art Antique. Pas loin, le Palazzo Reale était l’ancien lieu de résidence de la Maison de Savoie, dont allait être issu le premier Roi d’Italie. L'église San Lorenzo y est accolée.
De la Piazza, démarre la Via Garibaldi, une large rue piétonne et commerçante, rejointe par plein de petites ruelles pavées ou dallées; je suis ici dans le "vieux" Turin. Une petite glace chez Grom, le célèbre glacier turinois qui a bien grandi depuis? Pour moi, ce sera "gianduja" (choco-noisettes). Et vous?
http://www.rtl.fr/actu/international/grom-la-meilleure-glace-italienne-du-monde-7751213736
Allons voir un peu plus loin: voici la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste, pas forcément la plus jolie du pays, mais célèbre pour abriter abrite le Saint Suaire, ce voile qui aurait couvert le visage du Christ dans son linceul. Vrai ou faux? Allez savoir. En tout cas, une copie (je précise bien!) du légendaire tissu est visible près du choeur. Tout près, la porte Palatine était l’une des 4 portes d’accès à Turin durant la période romaine. Le parc archéologique à côté n'a pas l'air terrible...
Il continue à pleuvoir, dommage pour le soleil mais en même temps ça donne un charme différent à la ville. Je vais achever cette journée par la visite de ce bâtiment devenu le symbole de Turin, haut de 167m, avec son incroyable dôme: la Mole Antonelliana! C'est un des plus hauts édifices en briques d'Europe, il était initialement destiné à devenir la synagogue de la communauté juive de Turin, mais les travaux furent stoppés net à cause de la "mégalomanie" de l’architecte...et de l’explosion du budget!
Si l'extérieur est spectaculaire, l'intérieur n'est pas en reste, avec diverses boutiques et cafétarias, et SURTOUT le fascinant musée du cinéma, s'articulant autour d'une grande salle où l'on peut regarder des films projetés sur 2 écrans géants! Mais la vedette de la Mole, c'est son ascenseur en verre transparent qui grimpe tout là-haut sur une plate-forme pour une vue panoramique de Turin... enfin, quand il fait beau. Pour aujourd'hui, c'est foutu!
La météo est plus clémente aujourd'hui, il y a de belles éclaircies. Je vais prendre mon petit-déj dans la vieille ville, c'est l'occasion d'y aller en métro, bien pratique même s'il n'a qu'une seule ligne. J'accompagne mes croissants d'une boisson typique du Piémont: le "bicerin", un savoureux mix de café espresso, de chocolat noir chaud et de lait! Le mot bicerin signifie petit verre. Mmh, cette petite journée démarre bien...
Je reprends le métro pour rejoindre le sud de la ville, je vais visiter un musée fabuleux, emblématique de Turin, qui a rouvert en grandes pompes en 2011: le MAUTO (museo dell’automobile di Torino)! Sur trois niveaux, sont exposés pas loin de 200 modèles de 80 marques différentes, allant des premières voitures à vapeur aux grosses américaines des fifties, en passant par un "défilé" de Formule 1 Ferrari des années 50 à nos jours. Impossible de tout détailler, faudrait un carnet à part! Mais l'agencement muséographique très vivant fait de cette visite un régal, croyez-moi.
A proximité du musée se trouve le témoin le plus prestigieux de l'aventure de l'industrie automobile turinoise: le Lingotto. C'est ici que se trouvaient les anciens ateliers de fabrication de Fiat (* acronyme de Fabbrica Italiana Automobili Torino), jusqu'à l'arrêt de la production en 1982, le dernier modèle fabriqué fut la Lancia Delta.
Il fut par la suite reconverti en un immense centre commercial et culturel. Le Lingotto possède une particularité: sur son toit s'étire une piste d’essais, avec deux lignes droites de 400m et deux virages surélevés. Une fois que les voitures avaient atteint le dernier étage et étaient terminées, elle montaient sur le toit faire leurs premiers tours de roues pour vérifier que tout était OK. Les voitures n'y roulent plus, mais on peut la parcourir à pied. Sensation unique!
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=CBQIZxcLZx4
Après cette matinée bien remplie, je m'en vais explorer un peu les environs de Turin, qui proposent un panel intéressant de palais et chateaux. Je jette mon dévolu sur la Venaria Reale, à 10km de la ville. Il est facile d'y aller, grâce au bus "Venaria Express" qui passe par la Piazza Castello, pour un trajet de 30 minutes (6€). Tiens, la route passe même à côté du stade de foot de la mythique "Juventus"!
La Venaria Reale, c'était l'une des résidences de la famille royale de Savoie. Le Duc de Savoie voulait un "pied-à-terre" pour des parties de chasse dans les montagnes du nord de Turin (d'où le nom venaria). Je me dis que la discrétion n'était pas sa principale qualité, quand on voit les dimensions pharaoniques du palais, et l'immensité des jardins (60 ha!) avec les montagnes en toile de fond! Dans le palais, la Grande Galerie ne déparerait pas à Versailles, et les anciennes écuries, avec 70m de long et 13m de haut, rivaliseraient volontiers avec celles de Chantilly!
Une bien belle visite que cette Venaria Reale! Retour à Turin, je descends à la Piazza Vittorio Veneto, la plus grande de la ville, à deux pas du Pô, le cours d'eau qui arrose Turin (le plus long fleuve d'Italie avec 652km).
C'est très agréable de se balader le long de ses berges, jusqu'au parc Valentino, le "poumon vert" de la cité avec ses 42 ha, très animé et apprécié des habitants; location de vélos, de rollers, petits kiosques à panini ou glaciers ambulants, il y a de tout pour rendre heureux petits et grands!
Je passe une petite soirée tranquille dans une "piola" (petit resto pas cher) où je goûte une spécialité piémontaise, le vitello tonnato, composé de fines tranches de viande de veau, recouvertes d'un genre de mayonnaise et de thon à l'huile d'olive. Un plat original et délicieux.
Je quitte ce matin Turin par le train, pour un trajet de 2 heures vers le sud, vers la mer! Paysage banal: des prairies, des grands champs de maïs... on est loin du Val d'Orcia toscan! Je quitte le Piémont pour la Ligurie. La Ligurie, c'est cette région en forme d'arc de cercle, en bord de mer Ligure, jouxtant la Côte d'Azur (de "l'autre côté", c'est Menton!). Destination: Gênes (Genova en italien), la capitale ligure, le premier port industriel et commercial d’Italie... qui, elle aussi, est un peu mise à l'écart par les voyageurs trop pressés de filer en Toscane ou aux Cinque Terre. Tant pis pour eux, tant mieux pour moi!
Je descends à la gare Piazza Principe (au nord), et j'acquiers un ticket journalier "Genova Pass" à 4,50€ pour les transports en ville, bien pratique! Mon hôtesse Airbnb habite à 10 minutes, dans une ancien quartier typique; sacré petit bout de femme, Maria (au propre comme au figuré!!)! En plus, grand soleil aujourd'hui, la totale! Avant de s'enfoncer dans la ville, allons jeter un oeil au port, pas le commercial, mais le "porto antico", restauré par l’architecte Renzo Piano en 1992. Un peu trop "parc de loisirs" à mon idée: un ascenseur panoramique en verre, un musée de la mer, le galion "Neptune" du film "Pirates", et un Aquarium (24€ l'entrée, non mais vous rigolez?!). Sachez que Gênes fut l'une des 4 grandes Républiques Maritimes d'Italie, avec Pise, Venise et Amalfi.
Il est temps à présent de se perdre dans la vieille ville et son dédale incroyable de ruelles, certaines si étroites qu'on peut toucher les deux murs en étendant les bras (j'y suis arrivé, je vous jure!). Et comme les maisons génoises sont hautes, il y a des ruelles qui ne voient sûrement jamais le soleil, c'en est presque oppressant! Malgré celà, le vieux Gênes est une fourmilière de petits commerces: mini supermarchés, boucheries, coiffeurs, bars-tabacs... sérieux, ça grouille de vie! Il y a souvent des statues religieuses au coin des rues. Et pas trop de touristes, donc une réelle authenticité et une vraie immersion dans la vie génoise!
Il y a un contraste intéressant entre ce labyrinthe de voies étroites et de vastes espaces publics comme la Piazza de Ferrari et sa fontaine, cernée de banques et de sociétés d’assurances, ou encore autour du Palazzo Ducale (l'ancien palais des Doges de Gênes). L'édifice religieux principal est la cathédrale San Lorenzo, avec ses marbres polychromes.
Mais Gênes, c'est aussi la cité des palais! Au 16ème siècle, les grandes familles génoises, grâce à leur monopole du commerce avec l'Amérique, ramènent un sacré paquet d'or qui finance des palais somptueux. Ceux-ci se concentrent surtout sur les Via Garibaldi, Cairoli et Balbi. Les "stars" sont les Palazzi Rosso, Bianco, Tursi ou Reale. Ils sont inscrits au patrimoine de l'Unesco depuis 2006.
Je profite d'une petite boulangerie pour grignoter une focaccia au fromage, une petite spécialité locale. C'est un peu un "hybride" entre le pain et la pizza, moi ça me rappelle plutôt les fougasses du sud de la France. Délicieux!
http://www.italie-decouverte.com/recette-italienne-la-focaccia-di-genova/
Je vais m'éloigner un peu de Gênes, oh pas loin, 4km au plus; je longe la longue Via XX Settembre, avec ses arcades et ses innombrables boutiques, pour rejoindre la Piazza Vittoria et attraper un bus (pour info: ligne 31, toutes les 15 min) qui va me conduire en 20 minutes à Boccadasse, un tout petit ancien village de pêcheurs, super pittoresque avec sa petite plage de galets, ses petites ruelles et ses maisons colorées. Bien que le temps soit superbe, il n'y a pas trop de monde aujourd'hui, mais en août, l'afflux touristique peut être délirant! Boccadasse se trouve à l'extrémité du Corso Italia, cette longue promenade de bord de mer qui rejoint Gênes. Si tu veux te faire un petit cornet, il y a un excellent glacier dans le village: Amedeo.
Retour à Gênes en soirée, voici enfin l'occasion, dans une discrète trattoria, de goûter à l'un des fleurons culinaires de Gênes: les pâtes au pesto! Je vais enfin découvrir cette célèbre sauce verte à base de basilic, d'huile, d'ail et de fromage râpé (en ai-je oublié?), le tout pilé dans un mortier. Pour moi ce soir, ce sera mélangé avec des streppe (un type de pâtes), ainsi qu'une demi-assiette de pansotti avec une sauce aux noix (des genres de gros raviolis aux légumes). Je suis fou de la cuisine italienne!!
http://voyage.blogs.la-croix.com/a-genes-les-secrets-du-pesto-selon-mario-clavarino/2016/10/20/
Un petit mot encore sur Gênes, qui est aussi très étagée en hauteur, et qu'on peut admirer d'en haut en prenant par exemple le funiculaire Zecca-Righi, aussi bien utilisé par les habitants qui travaillent en ville que par les touristes. Le paysage change rapidement au fur et à mesure que le funiculaire s’élève, on part du centre de la ville, au milieu de la circulation, et on se retrouve sur la colline, au calme pour profiter d'un beau panorama.
Et il y a aussi le très marrant ascenseur Montegalletto! Comment expliquer? Le début du trajet se fait "à l'horizontale", sur 300 mètres, dans une drôle de petite cabine sur roues. Mais une paroi se rapproche! Fin du trajet? Hé non, car la cabine s'encastre dans la cavité avec un gros bruit de déclic... et se convertit en ascenseur! Un système unique au monde, paraît-il.
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=cgFg9YgKjRE
Je quitte Gênes par le train ce matin, pour partir vers l'est, à environ 80km. Je vais vous faire découvrir une petite région où même le terme "magnifique" devient un euphémisme, j'ai nommé: le Parc National des Cinque Terre!
Cette portion côtière de la mer Ligure comporte 5 petits villages (d'où le "Cinque") posés là comme par magie, entre mer, falaises et montagne; tout cà au sein de paysages enchanteurs faits de vignes en terrasses ou de vergers de citronniers. C'est un parc national depuis 1999, et cet endroit unique fait partie du patrimoine de l'Unesco depuis 1997. Celà n'est pas surprenant!
Je fais un arrêt à Levanto, porte d'entrée ouest des Cinque Terre. A la gare, un bureau d'information bien fourni et diablement efficace permet d'acheter diverses "cartes". La carte classique permet d'utiliser les minibus et de parcourir les sentiers de randonnée reliant les 5 villages. Ben oui... il y a des portions de sentiers à accès payant et quelques "points de contrôle"; mais pas de panique, c'est pas le Checkpoint Charlie de Berlin non plus, et ce n'est pas si cher: de 1 à 3 jours, ça va de 7,50 à 14,50€!
Une carte encore plus pratique est celle qui cumule les accès énoncés ci-dessus avec l'utilisation illimitée du train entre Levanto et La Spezia: de 1 à 3 jours, la carte coûte de 16€ à 41€. C'est celle à 41€ que j'ai achetée... mais j'ai dû insister, car il pleuvine encore ce matin (grrr), et le préposé hésitait vu que les sentiers sont fermés en cas de pluie. J'ai argumenté en disant qu'il ne pleuvrait pas forcément 3 jours sans discontinuer. Et je crois que Dieu a entendu mon argument!
Bref, je poursuis mon trajet en train régional, il y a beaucoup de randonneurs parmi les passagers, un peu déconfits par la pluie aussi. En principe, le village de Monterosso est le "premier" arrêt des visiteurs des Cinque Terre; mais en bon anti-conformiste que je suis, c'est au "dernier" village que je commencerai mon exploration.
Je débarque donc à Riomaggiore. Un tunnel pédestre rejoint le village, mais j'ai envie de l'aborder par le haut, en grimpant la petite route sur quelque 500m. Et je m'aperçois que venir en voiture pour visiter les Cinque Terre est la plus mauvaise idée du siècle!! C'est la croix et la bannière pour se garer, et les parkings payants sont excentrés et pas donnés. Alors ici, vive le train!
J'aborde enfin la longue rue principale, bordée de bars, petits restos et petits commerces. Elle est en pente douce, entourée de hautes maisons et aboutit à un mini port de pêche et à la mer. Choc visuel. Les barques remontées sur la rampe du port, les petites ruelles, les maisons bariolées qui s'accrochent aux rochers face à la mer agitée (on dirait qu'elles ont peur de tomber!), c'est idyllique! C'est là qu'on voit que le village est en longueur et étroit, on serait presque tenté de rentrer les épaules pour s'y engager!
Je reviens à la gare par le petit tunnel d'environ 100m, il y a pas mal de monde sur le quai. Il ne pleut plus, des trouées de bleu apparaissent. J'ai une petite pensée pour les automobilistes qui devront remonter à pied toute la rue...
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=IkFKKBVqp6c
3 petites minutes de train suffisent pour atteindre le village suivant, Manarola. Le quai de la petite gare est bien rempli, c'est plein de randonneurs, parfois en groupes, avec de gros sacs à dos et autres attirails. Moi je descends ici, mais il faut les voir s'engouffrer dans le train, ça me rappelle le RER parisien aux heures de pointe!
Un tunnel piétonnier conduit au village. Toujours le principe de la rue principale qui descend vers la mer, mais Manarola ne dévoile pas ses charmes tout de suite. Patience... car en arrivant au niveau de la mer et en avançant un peu sur le sentier de rando, on se retrouve face à un décor de carte postale: encerclé par les falaises et surplombé par des vignes en terrasses, Manarola s'étage sur son rocher, ça me fait un peu penser à une construction géante de Lego. Ajoutons à celà une mer bien houleuse, et l'ensemble prend même un côté sauvage presque intimidant.
Il est presque midi, mangeons un p'tit quelque chose: je dégote un petit snack-bar sans prétention et m'offre une part de farinata au pesto, un genre de galette à base de farine de pois chiches, ça ressemble à une pizza en plus fin. Avec ceci, une petite assiette d'olives fourrées à la viande (surprenant), et un verre de vin blanc pétillant à la pression, on se sert soi-même au robinet d'un petit tonneau.
Le haut du village n'est pas mal non plus, avec sa petite église et ses rues plus calmes; puis de ruelle en ruelle, on retrouve vite la mer, du haut d'une terrasse à flanc de falaise. Un grand et beau souvenir que Manarola!
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=5xST8kklML4
Reprenons notre "fil rouge" des Cinque Terre, à savoir le train! Mon dieu, le monde qu'il y a!! Et moi qui pensais être plus peinard en septembre... ben voyons!
3 minutes plus tard, je fais halte à mon 3ème village, Corniglia. Celui-là se démarque franchement des autres, d'abord il n'a aucun accès direct à la mer, et il est perché tout en haut de sa falaise. Il ressemble plus à un village de montagne. Y accéder n'est pas une sinécure! A partir de la gare (au niveau de la mer), un long escalier de 400 marches attend les mollets des visiteurs, dont certains arrivent en haut plutôt "défraichis", constatation faite! Mais votre serviteur Bentec a trouvé une parade: en sortant de la gare, sur la droite, une petite route en pente douce, cernée de vignes et d'oliviers, permet de rallier le village sans forcer sur les gambettes. Un petit poil plus long sans doute, mais moins exténuant, de plus on profite de belles échappées sur la mer en contrebas.
Alors, Corniglia? Le bourg est séparé en deux par la route, d'un côté une partie "haute" avec l'église et sa placette, et de l'autre, le lacis de ruelles bordées de petites boutiques et de maisons fleuries. Moins de touristes ici, il y avait d'ailleurs moins de foule à la gare, l'atmosphère est plus sereine, peut-être même plus authentique qu'à Manarola. Au bout du village, en surplomb de la falaise, je me délecte d'un super panorama sur la mer... et sur Manarola, là-bas au loin.
Je reviens à la gare en descendant le long escalier où je croise les "forçats" qui ont choisi de l'affronter. M'sieurs-dames, la prochaine fois, prenez plutôt la petite route....
Je laisse tomber le train pour aujourd'hui, je vais suivre le sentier qui relie Corniglia à Vernazza! Après 1H30 de marche, me voilà arrivé à Vernazza, le village le plus emblématique des Cinque Terre. En surplomb, j'ai déjà une super vue plongeante sur le village, bâti sur une longue avancée rocheuse. En venant de la gare, sa beauté n'apparaît pas tout de suite quand on descend la rue principale avec ses commerces et restos (très semblable à celle de Manarola ou Riomaggiore). Mais une fois arrivé sur la petite place face à la mer et au petit port, je me retourne et le charme opère! Les maisons colorées, les vignes en terrasses en arrière-plan, l'église sur la gauche et la vieille tour défensive à droite en surplomb, le décor féérique est installé! Ah oui, un petit détail: Vernazza sera mon lieu de villégiature pour 3 nuits! Je vous refile mon bon plan:
https://www.albergobarbara.it/fr/chambres.html
Les petites ruelles adjacentes qui grimpent et vont où elles veulent finissent parfois en cul-de-sac; elles sont bien calmes, les visiteurs préférant se cantonner aux boutiques de produits et autres boutiques d'en bas, pour s'y livrer aux achats compulsifs. Mais quelques-uns aiment bien monter jusqu'à la tour ("symbole" de Vernazza), un des vestiges du chateau Doria, du 11ème siècle.
Et pourtant... Vernazza revient de loin! Le 25 octobre 2011 restera à jamais un jour noir pour les habitants, témoins de la plus terrible inondation que les Cinque Terre ait jamais connues. Cette coulée de boue apocalyptique fit même des victimes. La reconstruction durera 2 ans. Chapeau bas à la motivation et au courage des habitants!
https://www.incinqueterre.com/fr/disaster-25-10-2011
(* regardez la video sur ce lien, c'est effrayant).
La mer est bien agitée aujourd'hui, les vagues attaquent la jetée sans répit. Vaut mieux pas trop s'approcher! La soirée s'amorçe, je mange dans une petite trattoria sans prétention et je me délecte d'une spécialité locale, le "tegame", mélange d'anchois, de tomates et de pommes-de-terre, accompagné d'un verre de vin blanc produit dans les Cinque Terre.
Alors quel village j'ai préféré? Pffou, j'ai trop d'images dans la tête aujourd'hui, je ne peux me prononcer. Et je n'ai pas encore vu Monterosso! Ce sera pour demain!
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=bZCzyqwIrGI
(* regardez la force des vagues... et à la 56ème seconde dites "A vos souhaits" au gros malin qui éternue près de moi!!).
J'ai encore un village des Cinque Terre à vous montrer: Monterosso al Mare. Mais on y viendra plus tard dans la journée, car ce matin, je vous emmène un peu plus loin vers l'ouest. direction Rapallo, à 70km de Vernazza... avec un (petit) supplément tarifaire de train car je sors de la "zone de validité" de ma carte!
Rapallo, c'est une petite ville balnéaire en bord de mer Ligure. Elle est plutôt désertée par les touristes, ils ne font qu'y transiter pour filer vers Portofino. Ouais bon, c'est vrai, j'y vais aussi à Portofino, mais je vais quand-même me balader un peu dans Rapallo. Je découvre une charmante petite ville, avec ses petites rues piétonnes, ses églises, et surtout son chateau du 16ème siècle, qui s'avance dans la mer, on dirait un navire de pierre prêt à larguer les amarres!
Qui plus est, Rapallo possède une très belle promenade de bord de mer, large et aérée, on pourrait presque se croire sur la Promenade des Anglais à Nice! Et comme il fait super beau aujourd'hui...
C'est par bateau que je vais rejoindre Portofino, avec un trajet de 30 minutes pour 9€ l'aller-simple. Pourquoi un aller-simple? A priori, les retours d'après-midi ne se feront pas à cause de la mer qu'on annonce houleuse.
Donc pour revenir sur Rapallo, j'improviserai.
Cette petite balade en bateau permet d'avoir une vue différente de la côte, et je dois dire que l'arrivée à Portofino par la mer est sensationnelle! On admire d'abord les villas de bord de mer, avant d'apercevoir l'église et le chateau; puis c'est l'entrée dans l'anse du petit port de plaisance, avec ses petits voiliers qui dansent au gré des vagues et ses maisons colorées qui l'entourent. Un vrai décor de carte postale!
VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=o-Ufv6KseiQ
Portofino est un petit village, mais il est souvent appelé "le Saint-Tropez de l'Italie du Nord". C'est peut-être un peu exagéré: d'accord il y a du monde, on trouve quelques boutiques de luxe et des gens "chics". Mais le port, même s'il accueille parfois des yachts, ne peut se comparer à l'étalage de richesse ostentatoire du port de Saint-Trop' avec ses bateaux au luxe clinquant alignés au garde-à-vous!
Le bourg n'est pas étendu, quelques ruelles autour de l'église, c'est tout. Assez calme, vu que les visiteurs préfèrent se concentrer sur le port! Mais voilà un petit sentier qui monte, il rejoint la jolie église San Giorgio d'où la vue sur la mer et le village est de toute beauté. Un autre sentier, plus long, passe près du "Castello Brown", puis serpente entre les arbres pour arriver au phare.
Pour casser la graine, les terrasses du port sont plutôt chères; j'ai mangé des pizzas moins chères à Milan! Enfin, c'est pas pour une fois... Et j'ai bien fait de ne pas louer de voiture, car les prix du parking, je vous en parle même pas...
Comme prévu, pas de bateau retour, je vais donc prendre un bus pour revenir vers Rapallo. Voilà mon bus qui passe par Santa Margherita Ligure; soudainement je me rappelle que cette petite ville est l'arrêt de train juste avant Rapallo.
Sur un coup de tête j'appuie sur la sonnette, je descends ici, je trouverai bien la gare par après! J'ai bien fait, j'ai découvert une joie petite station balnéaire avec son port de plaisance, sa petite plage et son ancien chateau.
Je trouve la gare facilement, et reprend le train jusqu'à Monterosso al Mare. Je vous l'avais promis, je tiens parole!
Me voici arrivé à Monterosso al Mare, le premier vilage (ou dernier, selon le sens emprunté!) des Cinque Terre! Le trajet à pied de la gare vers le village est superbe: pas de tunnel ici, mais un petit chemin qui longe la mer au plus près. Et au détour du chemin d'accès, surprise! Voilà que s'étale la plage de Monterosso, la seule du territoire des Cinque Terre.
Mais il est dommage que le pont du chemin de fer passe juste derrière.
Monterosso n'a pas le même look que ses quatre autres copains de la région. Lui, il n'a pas l'air de dégringoler d'un promontoire rocheux, ses maisons ne sont pas collées les unes aux autres et les rues sont plus larges que les venelles de Corniglia ou Vernazza! Ce qui fait dire de lui qu'il manque de charme par rapport aux autres. Même si son aspect est certes moins spectaculaire, il n'en est pas moche pour autant, que nenni! Je trouve même qu'il a un côté plus authentique, le déferlement touristique m'a paru moins dense, les boutiques de souvenirs n'étouffent pas les rues et on peut encore ressentir une vraie "vie de village".
J'avais parlé récemment de vergers de citronniers dans les Cinque Terre, et il y en a pas mal autour de Monterosso (ça me rappelle Menton, où j'étais passé en 2010). C'est avec ces agrume qu'on fabrique une liqueur de citron appelée limoncino; c'est un peu le "cousin du nord" du limoncello de la région de Sorrente. Je ne pouvais pas quitter Monterosso sans y avoir goûté. Bien frais, oh oui... c'est çà la Dolce Vita italienne!!
"Après l'effort, le réconfort", dit l'adage. Mais rien n'interdit de faire l'inverse! Pour rentrer à Vernazza, ce sera à pied par le sentier! Le célèbre sentier Azzuro relie entre eux les cinq villages; je vais parcourir la portion de 3,5km entre Monterosso et Vernazza. En avant! Au début, ça grimpe sec, il y a pas mal de séries d'escaliers, et en me retournant je ne pensais pas avoir déjà avalé une telle dénivelée, quand je contemple ce panorama grandiose sur Monterosso!
Puis, à travers les vignes en pente, le sentier se rétrécit et il faut parfois se mettre de côté pour laisser passer les randonneurs venant de l'autre direction. Je vois que certains ne sont pas habitués à l'exercice, et quand tu leur cèdes le passage, une fois sur deux tu n'as même pas un merçi (ou thanks you ou grazie, ce que tu veux). A un moment, je dis à un gars qu'un p'tit merçi ça ne coûte rien; il ne se retourne même pas. Vous voyez, c'est çà un exemple de différence entre un touriste et un voyageur...
Le sentier arrêter sa grimpette, et j'évolue maintenant dans un paysage plus boisé au milieu des pins maritimes, des chênes et des genêts. Je longe au plus près le haut des falaises sur lesquelles se brise la mer scintillante 100m plus bas. De temps en temps, le paysage se dégage, j'aperçois une ferme entourée de citronniers et d'oliviers.
Le sentier amorce sa descente, Vernazza se rapproche. Je longe à nouveau les vignes, quelquefois traversées par un étrange rail unique qui grimpe et serpente. Ce sont des mini wagons à crémaillère, utilisés par les viticulteurs pour transporter leur matériel. Conception ingénieuse et hardie!
Video: https://www.youtube.com/watch?v=Kgn0Fw_8RsA
(* pas de moi, celle-là).
Enfin, voilà Vernazza qui se dévoile en contrebas, dans sa perspective sans doute la plus célèbre. L'ultime descente se fait via des marches (parfois un peu traîtres!) jusqu'à l'entrée du village, à deux pas de l'église. Joli parcours ma foi, je l'ai fait en 1H20. Allez, une petite récompense, je m'offre sur la piazza un petit verre de "Sciacchetrà", un vin blanc local liquoreux assez costaud (environ 18°), mais savouré bien frais, à petites gorgées... Que du bonheur!
En soirée, je monte sur le sentier en surplomb du village, pour contempler le coucher du soleil sur Vernazza; apparemment c'est un "spot" apprécié des photographes qui se donnent rendez-vous ici. Comme je les comprends!
Je mange léger (un bon panino et une bière) puis je me perds en rêveries face à la mer, jusqu'à la nuit tombée...
Le ciel est bien gris ce matin, et la mer est plus houleuse qu'hier. J'aimerais rejoindre Porto Venere par bateau, en longeant les Cinque Terre, mais j'ai un sale pressentiment.
En attendant, petit-déj' en terrasse d'un petit bar sur la piazza... avec le chat de la gérante sur mes genoux! Un petit bout de croissant? Hé, il a l'air d'aimer... Mais je peux pas t'emmener avec moi, vieux, désolé.
Voilà qu'il commence à pleuvoir, aïe ça va pas recommencer comme samedi à Turin! Il faut que je sache pour le bateau (qui part à 10h30), hop un coup de fil à la compagnie... et mes doutes se concrétisent: "no batelli oggi, mare mosso", pas de bateaux aujourd'hui car la mer est agitée! Tant pis! Avec le recul, ces petites galères ont l'avantage de développer l'esprit d'improvisation. Petit temps de réflexion... c'est bon j'ai un plan B!! Je prends donc le train jusqu'à La Spezia (ma carte est valide jusque là), et sur place, je vais me débrouiller pour rallier Porto Venere. On vend des tickets de bus au bar-tabac de la gare, je m'informe, il y a une ligne de bus qui y va. Bingo!
C'est le bus P qui m'amènera à bon port en 30 minutes (il a fallu demander par 2 fois pour trouver le bon arrêt!).
Nous y voilà! La pluie se calme, mais le vent souffle méchant. J'ai déjà une belle vue d'ensemble sur ce beau village de Porto Venere. Je retrouve ce patchwork de coloris sur les façades des maisons, mais contrairement aux Cinque Terre, où elles se blotissent les unes contre les autres sur les rochers, ici elles sont alignées face à la mer et l'île de Palmaria, on les croirait au garde-à-vous pour un passage en revue! Mais ça fait un bel effet.
Deux longues ruelles s'étirent dans le village, avec plein de petits commerces, bars et restos. Pas trop de monde, la météo a refroidi les ardeurs des visiteurs. Au-delà du village s'étirent d'anciennes fortifications, avec tout au bout l'église San Pietro rayée de noir et blanc. Le décor est assez austère, je dois dire, surtout avec ce temps venteux, c'est moins "riant" qu'à Portofino, et moins huppé aussi. Mais quel tableau ça donne! Et vous voyez sur mes photos que la mer est en super forme!
Avant l'église San Pietro, une grotte, la "Grotta Byron" (du nom d'un poète britannique), offre une vue d'anthologie sur la mer. C'est pas pour rien que le coin s'appelle "Golfo dei Poeti" (Golfe des Poètes). Il y a aussi l'église San Lorenzo qui a fière allure et domine le village, ainsi que le Castello Doria, encore plus haut. Pour m'en approcher, je vous assure que j'étais plié en deux à cause du vent très violent (pas loin de 70-80 km/h selon les prévisions!).
Repas de midi léger dans un petit bar: un grand gobelet de pâtes au pesto (chouette concept), une focaccia aux anchois et une bière. Malgré le temps maussade, j'ai bien aimé Porto Venere, un "cousin" des villages de Cinque Terre qu'on aurait étiré tout en longueur! Retour en bus, puis en train jusque Vernazza. Il ne pleut plus, mais le vent n'en a pas fini, lui. La violence des vagues sur la jetée de Vernazza attire même quelques téméraires (ou cons?) qui se retirent à la dernière seconde... ou trop tard, se retrouvant bien arrosés! Dernière nuit à Vernazza, la fin du voyage est-elle déjà si proche?
C'est le jour du retour. Au moment de quitter Vernazza, l'église se met à sonner les 8 heures; je me plais à penser que ce sont les Cinque Terre qui me disent au revoir. Retour sur Gênes, d'où je prendrai l'avion qui me ramènera à Paris, puis un petit trajet en train Thalys jusque Bruxelles et retour-maison! A propos, faites gaffe à Gênes, bien qu'il y ait une gare "Genova Sestri Ponente-aeroporto", la gare est en fait à 2km de l'aéroport! Il faut prendre un bus-navette pour s'y rendre, l'arrêt est à 50m de la gare!
Ce deuxième voyage en Italie (plus court que le premier!) était un régal du début à la fin! Turin et Gênes gagnent vraiment à être explorées, et les villages des Cinque Terre sont d'une splendeur renversante, avec pour décor ces falaises escarpées en bord de mer et ces cultures en terrasses. Et en plus... c'est pas si loin!
Voyage raconté par bentec
Voir toutes les photos du voyage en Italie
Ce carnet de voyage vous a plu ? N'hésitez pas à féliciter bentec, lui laisser un commentaire ou bien lui demander des informations complémentaires via le forum :
Laisser un commentaire à bentecDécouvrez d'autres carnets de voyage en Italie (Italie) à découvrir :
A la découverte de la la Toscane - 2017
écrit par bentec
Rome, Naples et l'Italie du Sud - 2018
écrit par bentec
L'Italie du Nord et la Toscane - 2017
écrit par bentec
Le Tour de la Sardaigne - 2019
écrit par bentec
Balade en Toscane
écrit par kokinamour
Venise, la Cité des Doges
écrit par icare
Copyright © 2009 Fou de voyage - Tous droits réservés - Reproduction interdite sans autorisation - Voir les mentions légales
Site édité par l'agence web Netfizz, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Lyon sous le numéro 494 460 819