Alors, ça vous dirait de repartir avec moi à la découverte de cette magnifique Italie? Au programme: Rome la "ville Eternelle", Naples, sa baie et ses îles, après quoi je vous emmène "plus bas" dans la Botte, de la Basilicate à la Pouille! Décollage pour Rome avec Bentec Airlines dans quelques instants, veuillez attacher vos ceintures, merci!
Voyage "sac à dos" en Italie de 3 semaines (Juin 2018) raconté par bentec
Samedi 16 juin. Après 2h de vol, j'atterris à l'aéroport de Rome-Fiumicino. Bien qu'éloigné du centre (30km), avec le train on relie la gare de Termini en 30 minutes, après quoi on a le choix entre un vaste réseau de bus et 3 lignes de métro bougrement efficaces! Les "pass" de 1 à 3 jours vont de 7 à 18€, c'est vite amorti.
Pour l'hébergement, je suis bien placé: mon "Airbnb" est à 500m du Capitole! Allons-y, premier contact avec Rome! Pour l'instant ce sont de larges avenues au trafic parfois intense et débridé (bus, voitures et SURTOUT les scooters qui roulent aussi vite qu'à Milan); je verrai bientôt des coins plus tranquilles.
Je démarre mon exploration avec le Capitole, une des sept collines de Rome; c'était le centre religieux de la ville. La Place du Capitole (Piazza del Campidoglio) est super belle, avec ses musées et sa statue équestre; on y accède par une rampe monumentale dominée par les statues de Castor et Pollux. Tout près, face à la Piazza Venezia, se dresse le colossal "monument à Vittorio Emanuele II", tout de marbre blanc vêtu et surnommé "la machine à écrire" (tu imagines le format de la feuille??). Il fut bâti pour rendre hommage à Victor Emmanuele II, le premier roi d’Italie, et il abrite la tombe du soldat inconnu. Vraiment de dimensions impressionnantes, moi je le qualifierais même de "grandiloquent"!
Rome est une cité qui "transpire" l'Histoire avec un grand H. Et j'entre justement ici dans le vif du sujet en découvrant les "Forums Impériaux", sortes d'épicentres politiques et commerciaux crées successivement par plusieurs empereurs: César, Auguste, Vespasien, Trajan... A côté, le Forum "originel", le Forum Romain", vrai centre névralgique de la vie romaine... mais devenu finalement trop exigu, d'où la création des Forums Impériaux. La Via Sacra, artère principale à l'époque, reliait le Colisée au Capitole.
Colonnes (dont la Colonne Trajane), temples, bâtiments plus ou moins bien conservés, arcs en pierre... franchement il faudrait un carnet à part pour tout détailler! Mais cette avenue qui coupe effrontément ces sites, en ligne droite jusqu'au Colisée? Hé bien c'est la Via dei Fori Imperiali, inaugurée en 1932 par Mussolini... qui ne se gêna pas pour raser un quartier et traverser les forums impériaux!
Et je vais emprunter cette voie pour rejoindre LE monument emblématique de Rome: le Colisée! On a beau l'avoir vu dans les livres, à la télé, en photos, rien ne vaut la stupeur qui te gagne quand tu te retrouves face à lui "en réel"!
Son vrai nom est l'amphithéâtre Flavien, plus tard nommé "Colosseo", suite à la proximité d'une statue gigantesque de l'empereur Néron. Il fut achevé en 80 après JC. Ce monstre de pierre (188m de long pour 50 de haut!) pouvait accueillir maximum 70.000 personnes sur 4 étages.
L'intérieur du Colisée est aussi incroyable, malgré la foule, on reste abasourdi par la taille et la majesté des vestiges! Que de combats de gladiateurs ou d’animaux sauvages ont eu lieu ici! Il y a même un sous-sol avec des mécanismes pour élever les cages ou les combattants. Quand le soleil tapait, un immense voile pouvait être tendu au-dessus des gradins. quant aux jeux variés, ils étaient un symbole de prestige et servaient à l'empereur pour augmenter sa popularité.
Première journée bien remplie. En soirée, petit tour dans la quartier Monti, moins touristique et plein de ruelles pavées, une petite lasagne dans une enoteca et au dodo, en attendant demain!
C'est mon 2ème jour à Rome et voilà que je vais déjà changer de pays! Ah bon? Ben oui, ce matin je me rends au Vatican, le plus petit état du monde avec ses 0,44 km² (pour 900 habitants), complètement enclavé dans la ville de Rome. Le Vatican est le centre spirituel pour des millions de catholiques à travers le monde.
Un excellent moyen de rallier à pied le Vatican est de longer le Tibre, le fleuve traversant Rome. Les arbres permettent de se balader en matinée à la fraiche, en 30 minutes j'atteins le ponte Sant'Angelo qui franchit le Tibre. En face, le Chateau Saint-Ange (en italien Castel Sant'Angelo); d'abord mausolée de l'empereur Hadrien, puis tour à tour édifice militaire et prison, cet édifice a été très...polyvalent. Actuellement c'est un musée.
Mais voilà la Via della Conciliazione, une avenue extra-large qui relie le Chateau Saint-Ange à la mythique Place Saint-Pierre! Le point de vue est sublime! C'est non sans émotion que je me rapproche peu à peu du "plus petit État du monde"; mais attention on n'y entre pas comme dans un moulin: les préposés aux contrôles scannent les sacs et peuvent refouler les personnes aux shorts ou débardeurs trop courts. Il y a un "code vestimentaire" à respecter!
J'entre enfin sur la Place Saint-Pierre; moins de monde que je pensais, mais il n'est que 9h. Elle est immense, avec son obélisque, ses deux fontaines, et sa double rangée de colonnes qui l'encercle; les colonnes sont surplombées de 140 statues de Saints.
Me voilà aux portes de la Basilique Saint-Pierre, l'édifice le plus important de la chrétienté, et la plus grande église du monde! Son nom est issu du premier Pape de l’histoire, Saint-Pierre, dont le corps est enterré dans la basilique. D'autres papes sont inhumés sous l'édifice, ainsi que Jean-Paul II (récemment en 2005). Dimensions pharaoniques, profusion de marbre et de statues, les rayons du soleil qui se glissent à travers les interstices... on ne peut qu'être estomaqué devant cette splendeur, sans compter la dimension "émotionnelle" d'être à l'intérieur de ce lieu saint du christianisme!
On peut voir le dôme de plus près en grimpant à la coupole, soit par ascenseur, soit par escalier. Après avoir gravi un étroit escalier en colimaçon, la terrasse offre une vue plongeante sur la Place Saint-Pierre.
Midi approche, j'attends sur la Place, comme des centaines d'autres fidèles. Il faut savoir que tous les dimanches à midi, le Pape apparaît à une fenêtre de ses appartements pour une courte allocution suivi de la prière de l'Angélus ("je vous salue Marie" etc...) et de sa bénédiction sur la foule. De loin, on distingue seulement une petite silhouette blanche au balcon, mais il y a un écran géant pour mieux le voir. C'est une sensation unique de le savoir si proche...
Pas de photos ni de vidéos: la messe n'est pas un spectacle.
Pour l'après-midi, je vais m'excentrer un peu de Rome; après 20 minutes de métro et 10 minutes de bus (le 218), je vais arpenter la Via Appia Antica, un des témoignages les mieux conservés de la Rome antique. Elle fut construite en 312 av. J-C. pour relie Rome à Brindisi. Ce qui est chouette le dimanche, c'est qu'elle n'est réservée qu'aux piétons et cyclistes; les autres jours les voitures y circulent.
Je vais la parcourir sur quelques km. Mon dieu quel calme par rapport au brouhaha de Rome! Excepté le chant des oiseaux et le vent dans les arbres, pas de bruit. Les pavés sont parfois très irréguliers, ce qui ne fait pas l'affaire des cyclistes (heureusement pour eux il y a une petite piste qui longe la voie). On y voit encore quelques vestiges de villas et monuments antiques. C'est même émouvant de voir les sillons formés par le passage des chariots; tiens, je m'attendrais presque à voir débouler à toute allure un fougueux centurion sur son char!
https://www.youtube.com/watch?v=zK70QZyWCZQ
Retour en ville en soirée, petit repas dans une trattoria bien planquée: spaghetti "cacio e pepe" (facile: des pâtes, du pecorino et du poivre noir), et saltimbocca (tranches de veau très fines avec de la sauge et du vin blanc). Excellente, cette cuisine romaine!
Ce lundi matin je pars explorer une partie du "centre historique" de Rome. Cette ville est vraiment très étendue, et de bonnes chaussures de marche ne sont pas du luxe!
Je m'enfonce dans les petites ruelles du quartier du Ghetto. Oui, à l'instar de Venise, il y eut un ghetto juif à Rome. En 1555, le Pape Paul IV décrète une série de lois contraignant les juifs de Rome à s'y installer.. et ce jusqu'en 1870! C'est un coin encore authentique, pas encore trop touristique.
J'arrive sur le Campo dei Fiori, une des places les plus connues de Rome, surtout pour son grand marché qui se tient quotidiennement. Faites gaffe toutefois aux faux produits "made in Italy" (de l'huile d'olive en fioles de 100ml, ben voyons!).
Il fait déjà chaud ce matin, heureusement la ville compte de nombreuses fontaines d'eau potable pour se désaltérer. On voit un petit trou sur la partie supérieure de leur bec; en bouchant d’un doigt la sortie principale, l’eau jaillit vers le haut, ça permet de boire plus facilement et de façon plus "hygiénique".
Et au détour de plusieurs petites rues, voici le "choc visuel" de l'entrée sur la splendide Piazza Navona, une des plus belles de Rome! Très allongée, elle est située sur l’ancien emplacement du stade de Domitien (dont on peut voir de rares vestiges dans un musée souterrain). Ce qui renforce encore son charme, ce sont ses trois fontaines en enfilade (belles perspectives pour les photos!), surtout celle des Quatre-Fleuves, carrément surmontée d'un obélisque. Les statues représentent le Danube pour l’Europe, le Nil pour l’Afrique, le Gange pour l’Asie et le Río de la Plata pour l’Amérique. Une piazza magnifique mais touristique, avec de nombreux restos et terrasses!
Mon dieu, il y a tant de choses à voir dans cette ville, si je voulais tout détailler, on aurait un carnet de la taille d'un roman de Balzac... Alors reprenons notre balade vers l'est de la Piazza Navona, avec entre autres l'église Sant'Eustachio couronnée d'une tête de cerf avec une croix entre les cornes, ou encore l'église Saint-Louis-des-Français, à deux pas du Panthéon. Voilà encore un bâtiment incroyable de la Rome antique, et un des mieux conservés!
C'était un temple dédié aux divinités antiques, avant de servir de mausolée aux rois d'Italie et à certaines "stars" comme le peintre Raphael. Son "atout séduction", c'est son immense dôme de 43m de haut, percé d'un oculus en son sommet qui laisse passer un puits de lumière à l'intérieur... et la pluie par mauvais temps!
L'après-midi je retourne au Vatican, pour une bonne raison: les musées sont ouverts aujourd'hui (mais pas dimanche!). Pas la peine d'entrer sur la Place Saint-Pierre, il suffit de longer les hauts murs de la Cité pour rallier l'entrée du musée. Je te conseille vivement de réserver ton billet sur internet... regarde plutôt la file interminable que j'ai pris en photo! Bref, comme je suis seul je passe assez vite, les guides essayant de rassembler leurs "troupeaux". Et je consacre tout l'aprem à passer d'un musée à l'autre; en tout il y en a 12, rends-toi compte! Je n'ai donc pas tout visité, c'est trop pléthorique, toutes ces collections d'œuvres d'art accumulées au fil des siècles par les papes!
Et encore c'est difficile d'apprécier la visite quand on est entraîné par une marée humaine bruyante toujours en mouvement. J'ai jamais vu un tel monde!! En comparaison, même le Louvre et la Galerie des Offices sont calmes.
Mais le "clou du spectacle" se rapproche: j'entre dans la mythique Chapelle Sixtine (du nom du Pape Sixte IV qui la fit aménager)... qui ressemble plutôt à une grande salle.
Elle est célèbre pour son plafond orné des sublimes fresques de Michel-Ange (par exemple, "La Création d'Adam", tu sais, les deux doigts qui se touchent). MAIS: 1) comme la salle est haute les fresques semblent petites 2) "No photos, please!" C'est ce que gueulent 100 fois par jour les gardiens de la chapelle. Sans oublier la foule compacte! J'avoue que les musées du Vatican m'ont laissé un petit goût amer...
4ème jour à Rome, il me reste tant à voir! Mon logement se trouve à deux pas du Circo Massimo, c'est l'occasion ce matin d'aller le voir. Enfin, ce qu'il en reste, c'est-à-dire quelques maigres vestiges. De nos jours il a plutôt l'air d'un immense terrain vague qui a conservé la forme se son enceinte d'autrefois. Dire qu'il mesurait 600m de long pour une capacité de 300 000 spectateurs! Pas facile de s'en faire une idée!
A 700m à pied, je rejoins les Thermes de Caracalla, un des plus grands ensembles thermaux de l'Antiquité. Les thermes faisaient partie des passe-temps préférés des Romains, qui y allaient autant pour leur hygiène que pour leurs relations sociales. Malgré les siècles, les vestiges sont encore impressionnants; de plus, le site est moins fréquenté que les forums impériaux, alors le matin à l'heure d'ouverture, j'ai eu l'impression que le site était rien que pour moi (les thermes de Bentec... ça sonne bien, non?).
Je prends ensuite le métro, bien pratique, pour aller voir deux édifices religieux majeurs de la ville. D'abord la Basilique Saint-Jean-de-Latran, qui est en fait la cathédrale de Rome, et la plus ancienne église bâtie à Rome, elle est de ce fait la "mère de toutes les églises". Elle est l'une des 4 basiliques majeures. Ensuite, la Basilique Sainte Marie Majeure (près de la gare Termini) la plus grande des églises consacrées à la Vierge Marie à Rome.
Je remonte vers le nord par le quartier du Quirial (connu pour son Palais), pour pénétrer en un lieu très touristique: la Piazza di Trevi. Trevi... ça vous fait "tilt"? Bien sûr! La "star" des fontaines romaines, le film "La Dolce Vita" où Anita Ekberg y prenait un bain... La Fontaine de Trevi!
Malgré la foule, elle est clairement spectaculaire! Voyez un peu: 26m de large, 20m de haut, les jets d'eau, les cascades... Mais tiens donc, pourquoi ces braves touristes jettent-ils des pièces dedans? Retiens bien: si tu lances une pièce le dos tourné, tu reviendras à Rome; si tu en lances deux, tu te marieras dans l'année! Suffit d'y croire.
Bien que ces coutumes "touristiques" ne trouvent pas grâce à mes yeux, ici je ne peux que l'encourager: les pièces sont récupérées en fin de nuit (à l'aide de longues brosses et d'un système d'aspiration) puis redistribuées à l'association Caritas. Belle initiative.
Continuons plus loin pour découvrir la très belle Piazza di Spagna, une des plus célèbres de Rome avec sa forme en triangle et sa curieuse "Fontana della Barcaccia" en forme de barque un peu évasée. Elle est aussi très courue pour son majestueux escalier qui mène à l'église de la Trinité-des-Monts (Trinità dei Monti) avec un chouette panorama. Vous vous souvenez, Audrey Hepburn et Gregory Peck dans "Vacances Romaines"? Une des scènes-clés du film s'est déroulée ici!
https://www.valeursactuelles.com/guides/tendances/rome-sur-les-pas-daudrey-hepburn-45100
Pas loin de la place, un petit marché couvert propose quelques stands pour manger pas cher. J'aime bien l'ambiance de ces petits endroits où on croise plus de locaux que de touristes. 3 parts de pizza, une bière, 6€ le tout, ok je suis calé pour ce midi!
A 10 minutes à pied, il y a encore la Piazza del Popolo, très vaste, avec son obélisque, ses fontaines et ses curieuses églises "jumelles". Au-delà commencent les Jardins del Pincio et l'immense parc de la Villa Borghese, mais ayant fait l'impasse, ce sera pour une autre fois!
Je vais souffler un peu avant de repartir en début de soirée. Il suffit de franchir le Tibre et traverser la petite île Tiberine pour découvrir le quartier du Trastevere. Voilà un quartier populaire typique de Rome (c'est un peu leur Montmartre), avec des petites ruelles sinueuses pavées, des petits bars et trattorias, et des fleurs aux balcons des maisons! Pas de monuments grandioses, mais plus d'authenticité. Encore que certains coins se "boboïsent" tout doucement, dommage... Il fait encore chaud: à un petit kiosque en bord du fleuve, je m'offre une "grattachecca", tout simplement de la glace gratté puis nappée de sirop (pas mal de choix, pastèque pour moi!)!
http://www.romepratique.com/un-must-romain-la-grattachecca/
Je me balade au hasard dans les petites rues, c'est un quartier bien agréable!
Je dois te dire que c'est ma dernière soirée à Rome. Demain, une nouvelle aventure commence: on part pour Naples!
Départ en matinée de la gare Termini pour un peu plus d'une heure de train rapide, direction la gare Centrale de Naples!
J'entre dans la région de Campanie, dont Naples est justement la capitale. Me voilà arrivé à la Stazione Centrale, très grande, et connectée à la ligne 1 du métro, qui fait comme une boucle autour de la ville.
Je sors de la gare, sur la Piazza Garibaldi; le premier contact est assez brutal: pour rejoindre mon logement, je descends à pied l'artère principale qui part vers le port. Holà... voici un joyeux bordel de voitures, scooters qui zigzaguent, piétons qui se foutent des feux rouges... Tout celà n'est que passager, en peu de temps, première ruelle, premiers escaliers; sans transition, je pénètre dans le vrai Naples: le linge qui sèche sur des fils, des gosses jouant au ballon, des cours intérieures où ça parle ou ça gueule parfois... Je sens déjà battre le pouls frénétique de la Cité Parthénopéenne (le nom d'origine de Naples...mais tu le savais, hein?).
http://www.bellanapoli.fr/decouvrir/figures-napolitaines/figures-populaires/parthenope/
Super logement Airbnb: un "basso", maison typique de Naples à deux étages en plein dans le Vieux Naples! Andelora, la proprio, est artiste de rue avec son mari, elle organise des petits spectacles théâtraux en rue; et leurs costumes se trouvent dans la maison, ça donne une déco originale!
Je vais être bien ici...
Allez, c'est parti, je pars explorer le "centre historique".
C'est une débauche de petites ruelles qui se coupent souvent à angle droit; parfois sombres, pas toujours propres aussi... un petit air décrépi qui pour moi est un "plus" en authenticité! Et ça déborde de vie, ça grouille de napolitain(e)s mêlés aux touristes (parfois un peu déboussolés par cette exubérance!)... Après tu as les scooters qui se faufilent au milieu de la foule, parfois à 4 dessus (papa, maman et deux mômes!!), hé j'en ai même vu un qui trimbalait... un sommier de matelas! Dingue, non?
https://www.youtube.com/watch?v=89jLfh0adUE
Autre constat: Naples est une ville qui "transpire" la religion. Le nombre d'édifices religieux et incroyable, et un peu partout, au coin d'une ruelle, on voit des petits autels dédiés à un saint ou même à un habitant du quartier.
Le soir ils sont éclairés de nombreuses ampoules, effet flashy garanti! Tu sais que certains "fous du scooter" apposent un autocollant de Saint Gennaro (*patron de Naples) sur leur machine?
J'adore aussi les cours d'entrée des habitations, il faut y pénétrer discrètement, ce sont de vrais épicentres de vie pour les habitants; une d'entre elles a servi de scène de tournage au "Corniaud" (la Cadillac de Bourvil qui va au garage)! Tiens, j'ai une 'tite faim, je débusque un stand au fond d'une cour et goûte une douceur locale: la sfogliatelle, qui a une texture de millefeuille sans en avoir la forme, fourrée de ricotta à la vanille ou à la cannelle, avec des fruits confits.
Je te montrerai plus de détails demain, c'est déjà le soir; un petit plat de pâtes au "ragù" (y a pas qu'à Bologne, alors?) et une errance à travers les vieilles ruelles. Il faut savoir quitter les rues les plus touristiques comme la Via dei Tribunali, et s'aventurer plus au nord pour ne plus voir ces boutiques de fringues ou de pseudo-artisans (les marchands de fruits et légumes comme dans le temps, ça devient rare!), et arpenter des ruelles presque désertes, avec un scooter qui file ou de la musique qui s'échappe d'une maison où la "famiglia" mange, toutes portes et fenêtres ouvertes! Etonnant, on voit tout ce qui se passe chez eux... peut-être sommes-nous trop coincés par chez nous? J'ai presque l'impression que la ruelle, c'est le corridor principal de l'habitation.
L'insécurité? Allons allons, on peut se balader dans Naples sans problème, pas la peine d'avoir la pétoche! Bon, la Mafia (*Camorra) existe...mais pas qu'ici! Les problèmes liés aussi: drogue, racket, gestion "sauvage" des déchets...
problèmes qu'il ne faut pas occulter. Mais je pense que ça ne doit pas se répercuter sur l'activité touristique. Il faut prendre la peine de connaître Naples et de s'en imprégner. Alors, les vierges effarouchées de certains forums de voyage, franchement allez voir ailleurs...
https://francais.rt.com/international/13121-naples-ordures-mafia-cancer
Je me demandais ce qu'était cette cordelette qui pendouillait à la maison d'à côté; en fait elle est attachée à un bol et relié au balcon, c'est simplement pour donner à manger aux chats en bas dans la rue! Astucieux!
Après 4 journées chargées à Rome, je n'ai pas trop envie de musées (il y a bien l'immense musée archéologique, mais bon); j'aspire plutôt à voir l'animation, la vie dans les rues, l'instant présent, quoi! Je vais encore me balader ce matin dans le centre historique, où on trouve des édifices religieux non dénués d'intérêt: comme la Basilique San Lorenzo Maggiore, une des plus anciennes de Naples, avec son musée et son site archéologique souterrain; ou la cathédrale (Duomo), célèbre pour abriter les reliques de San Gennaro, saint patron de la ville.
Au-delà de la Via dei Tribunali, pas loin de la Piazza Dante, l'église du Gesù Nuovo est facilement repérable à sa façade en pointes de diamant. J'avais vu une façade assez similaire en 2016 à Lisbonne. Une petite chapelle émouvante rend hommage à Giuseppe Moscati. Appelé le "médecin des pauvres", on culte attire des milliers de fidèles, qui viennent prier pour le rétablissement d'un proche.
En face, sur la Piazza del Gesù Nuovo, voici le "complexe monumental" de Santa Chiara qui regroupe un monastère, un couvent, une basilique et surtout, un magnifique cloître avec des bancs en faïence peinte, des fleurs et des agrumes; un vrai repaire de sérénité!
Tiens, je vais me boire une petite bière au bar Nilo; il a l'air d'un bar comme les autres... si ce n'est qu'il abrite un autel dédié à Diego Maradona, la légende du foot, "El Pibe de Oro", qui a joué à Naples où il a joué de 1984 à 1991! Malgré ses récentes frasques, le gars est un dieu vivant ici.
https://rmcsport.bfmtv.com/diaporama/images-maradona-naples-une-histoire-fusionnelle-163/1984-signature-a-naples-pour-un-montant-record-a-l-epoque-1/
Tu sais qu'on peut manger pour trois fois rien dans les rues de Naples? Dans la vieille ville, on trouve nombre de petits stands ou kiosques qui vendent des petits "snacks" goûteux tels les arancini (une petite boule de riz frite farcie de légumes et de viande) ou les crocche (une croquette de pomme de terre frite et aplatie); avec une bière, avec moins de 10€ tu peux te faire un petit en-cas à midi.
Pour l'aprem on va quitter le centre historique pour se diriger vers le bord de mer, en passant notamment par la galerie Umberto I (qui ressemble pas mal à la galerie Vittorio Emanuele II de Milan), et la Piazza del Plebiscito, immense et grandiose avec ses colonnes et des édifices comme le Palazzo Reale et la Basilique San Francesco di Paola.
Et voilà enfin le bord de mer, le "lungomare"! Cette Baie de Naples qui annonce la mer Tyrrhénienne, bordée d'immeubles colorés avec en toile de fond, le mythique Vésuve! Je pourrais même oser une comparaison avec la Promenade des Anglais à Nice.
Posé sur un îlot s'avançant dans la mer, voici un autre symbole de la ville, le Castel dell'Ovo (château de l'Oeuf), qui offre un super panorama sur la baie et qui de plus est gratuit d'accès. Mais pourquoi ce nom? Un ancien poulailler?
Mais non, voyons! Une légende dit que le poète latin Virgile y aurait déposé un oeuf en or, qui ne devait surtout pas être déplacé ni abîmé , sans quoi la ville peut s'attendre au pire. Plus loin, en face du port, le Castel Nuovo en impose de par son aspect massif, mais il a plutôt l'air sinistre et peu avenant.
Naples est étagée sur plusieurs collines; on va s'intéresser à l'une d'entre elles, le Vomero. Les vieilles maisons serrées et l'ambiance de la vieille ville font place à un quartier plus moderne et résidentiel. C'est l'idéal pour voir tout Naples d'un peu plus haut! Il y a même des funiculaires dans ce coin, par exemple pour aller voir la Certosa (chartreuse) di San Martino, avec son beau cloître et ses musées, ou le Castel Sant’Elmo en forme d'étoile.
Je redescends dans le vieux Naples pour souffler un peu, avant de repartir en soirée pour savourer un plat emblématique d'ici: la VRAIE pizza napolitaine! Elle a une pâte moelleuse aux bords plus épais que son homologue romaine, et surtout, les deux vraies "traditionnelles" locales sont la marinara, garnie d’ail, d’origan, de tomate et d’huile d’olive, et la margherita, qui comprend également de l’ail et de l’huile d’olive, mais accompagnés de mozzarella et de basilic.
Je t'en laisse une part si tu veux. Allez, à demain?
Aujourd'hui, je quitte Naples pour la journée, je ne vais pas bien loin (25-30 km de distance maxi), mais je pars découvrir deux sites qui ont été à jamais marqués par l'Histoire, et pas de la façon la plus agréable... J'arrive à la gare centrale et repère les panneaux indiquant le "Circumvesuviana", un genre de TER qui va (entre autres) jusqu'à Sorrente à horaires fréquents, pour pas trop cher.
Premier arrêt dans la petite ville d'Ercolano, mieux connue sous son ancien nom latin d'Herculanum. Oui, ça vous dit quelque chose: une ville antique dévastée par l'éruption du Vésuve en 79 après J.C, qui fut recouverte d’une considérable masse de boue et de cendres, qui se sont solidifiées en une couche compacte d'une épaisseur de 15 mètres! Plus proche du Vésuve, les cendres ont touché plus durement Herculanum, qui a été entièrement ensevelie et finalement mieux conservée encore que Pompéi. Et je dois dire que la visite est plus "émotionnelle" que Pompéi: les maisons sont mieux conservées (ce reste de lit carbonisé dans une chambre, cette ancienne taverne...), le site est plus petit et surtout moins fréquenté que sa (trop) touristique voisine! Il y a aussi ce curieux contraste entre les nouvelles maisons bâties en surplomb du site.
Après 20 min de train, je descends à Pompéi, mondialement connue pour avoir elle aussi subi la colère du Vésuve en 79.
Sa destruction et son ensevelissement on été fulgurants (couche de cendres, nuées ardentes de gaz et débris brûlants dévalant à 400km/h!); et dire qu'elle ne fut redécouverte qu'au 17ème siècle! Mais attention, ce n'est plus Herculanum: le site est beaucoup plus vaste, plus médiatisé donc plus touristique. Groupes guidés, préposés-robots aux billetteries, ça sature dans certaines allées! Certes, les rues pavées, les maisons et les fresques sont superbement conservées, mais pour vraiment ressentir ce qui s'est produit ici, il faut sortir des sentiers battus pour trouver au hasard une allée déserte et une cour de maison solitaire.
Certains bâtiments ont subi des retouches au ciment, dommage. Un des endroits les plus courus est le lupanar, une maison de passe (pour pas dire autre chose) où l’on peut voir des lits en pierre de l’époque (noon, je ne connais pas les tarifs!). Curieux aussi, ces passages piétons en grosses dalles pour traverser en cas d'inondation.
Mais le choc émotionnel ultime, c'est sûrement le "Jardin des Fugitifs", où on peut voir des moulages de ces corps humains pétrifiés en une fraction de seconde par la nuée ardente. Troublant. Et au loin, en toile de fond, le Vésuve, imposant, semble dire "alors, c'est qui le boss?". Tu avais vraiment besoin d'entrer en éruption et de causer çà, toi?
https://culturebox.francetvinfo.fr/patrimoine/pompei-2000-ans-apres-l-eruption-les-corps-petrifies-livrent-leurs-secrets-235595
Retour à Naples en fin d'aprem, et j'ai encore un quartier à explorer, à la réputation sulfureuse, qui effraie toujours le touriste en sandales-chaussettes: les quartiers Espagnols, de l'autre côté de la Via Toledo. Construit quand les espagnols ont débarqué (Naples appartenait alors à la Castille) pour y héberger leurs soldats, c’est un des plus vieux quartiers de Naples. C'est un damier de petites ruelles pentues, où le linge sèche partout, où les vieilles dames installent leurs chaises sur les trottoirs, où des monticules de cageots s'entassent près de boutiques... Côté ambiance et circulation, c'est le centre historique puissance 10!! Petites voitures, scooters, commerçants et clients qui s'interpellent en gueulant... une fourmilière, mais genre que tu aurais donné un coup de pied dedans pour les exciter. Tu sens quand-même qu'à la base c'est un quartier pauvre, pas forcément dangereux, mais c'est ici qu’on peut vraiment être témoin de la vie privée des Napolitains, sans fard, sans tricherie. Une tranche de vie où j'ai souvent hésité à sortir mon appareil photo, non pas par crainte, mais par pudeur vis-à-vis des habitants...
Pour manger ce soir, une bière et une part de "pizza fritta", pliée en deux et frite à l'huile. Grasse et brûlante, mais si bonne!
Grands souvenirs que cette fascinante ville de Naples!
Mais demain je vous emmène vers des coins plus calmes...
"Voir Naples et puis mourir, dit le proverbe italien ; et nulle part la vie et la mort ne sont mises dans une si brusque et si prochaine opposition." (Jules Michelet)
Ce matin, direction le Molo Beverello, principal port de voyageurs de Naples. Qui dit port dit bateau, et la Baie de Naples comporte 3 îles: Procida, Ischia et l'archi-connue Capri! C'est sur Procida que je vais d'abord me rendre, avec un ferry de Caremar pour une traversée d'une heure.
La mer est calme, au loin, Capri affiche ses reliefs. Mais voilà que se profile le port principal de l'île, avec son alignement de belles maisons colorées et son église jaune au dôme d'allure grecque. Des petites ruelles grimpent vers le village et l'intérieur de l'île; c'est dans l'une d'entre elles que ma chambre Airbnb m'attend (Anna et sa famille me laisseront d'excellents souvenirs de par leur gentillesse).
Alors, Procida c'est la plus petite des trois, elle mesure à peine 4km² pour 10.000 habitants, surtout des familles de pêcheurs. Oui, Procida est très "confidentielle" au niveau du tourisme, il n'y a pas de gros hôtels moches et elle est encore très paisible et authentique! Mais malgré sa taille, je constate avec surprise qu'il y a quand-même un certain nombre de voitures. Les inévitables scooters sont là aussi, ainsi que ces marrants vélos électriques à grosses roues.
Vu sa taille, je vais la visiter à pied, tiens! Je compte rallier sa partie sud, jusqu'à Marina Chiaiolella. Il ne faut pas longtemps pour quitter le village et se retrouver
à déambuler via des petites rues étroites, bordées de petites vignes et de jardins plantés de citronniers et d'orangers. Attention quand-même, de temps à autre un scooter trace sa route, quand ce n'est pas une voiture qui t'oblige presque à te coller au mur! Heureusement, on est loin de la folie napolitaine! Après deux petites heures de marche, voici le petit village de Marina Chiaiolella et son petit port de plaisance. Pas de foule, pas d'excès, c'est chouette de trouver de ces coins épargnés par le tourisme de masse!
J'aime bien utiliser les transports locaux; pour revenir à mon point de départ, je prends un de ces minibus qui sillonnent l'île. Ces vénérables véhicules ne sont pas tous de première jeunesse, le mien a même un "rafistolage" au fil de fer et un levier de vitesses très joueur... mais le trajet coûte moins de 2€, et c'est assez intense de foncer dans les ruelles étroites et de croiser un scooter au centimètre!!
En soirée, je pars explorer Terra Murata, le "noyau historique" de l'île, sur un promontoire en surplomb du port, avec sa petite église, son abbaye et sa forteresse (une ancienne prison, qu'on peut visiter). Puis soudain, voici que du parapet d'une ruelle, tout en contrebas, apparait la magnifique Marina de Corricella! Viens, on descend voir de plus près. Ce superbe étagement de maisons bariolées, ce petit port de pêche le long d'un quai où des pêcheurs réparent encore leurs filets, tout çà me rappelle un peu les villages des Cinque Terre que j'ai pu voir en septembre 2017! quelques bars et restos avec terrasses s'alignent sur le quai, mais ça va, ils ne sont pas touristiques à outrance. Un plat de poisson avec du citron (c'est l'agrume "fétiche" dans cette région!) et un bon limoncello glacé en fin de repas, avec le soleil qui se couche là-bas au loin... La vita è bella!!
Une courte traversée de 20 minutes suffit à relier Procida à l'île d'Ischia. Après la minuscule Procida, voici la plus grande des trois îles avec ses 47 km² pour plus de 60.000 habitants (ce qui en fait la 3ème île italienne en population, après la Sicile et la Sardaigne). C'est en fait une île volcanique, formée par les laves du Monte Epomeo, qui culmine à presque 800m, ce qui en fait le point culminant de l'île.
Il y a beaucoup plus de circulation à Ischia Porto, et l'arrivée sur le port est peut-être moins charmante qu'à Procida. C'est le port principal d'Ischia, et excepté une assez longue rue piétonne commerçante, il n'y a pas forcément grand-chose à voir. Mais en longeant plus ou moins la mer et ses multiples plages familiales sur 2 km, on rejoint le quartier d'Ichia Ponte, plus authentique avec ses ruelles cachées et fleuries et surtout son attraction-phare: le Castello Aragonese. Perché fièrement sur son éperon rocheux, sur une sorte de presqu'île, il me ferait penser à un "cousin napolitain" du Mont-saint-Michel. Dire qu'au 18ème siècle, environ 2000 familles y vivent conjointement avec un couvent, une abbaye et une garnison.
C'est le monument le plus visité de l'île, mais le donjon n'est pas accessible, dommage. Pour les mous du mollet, y a même un ascenseur (pas d'époque, cela s'entend!).
Le lendemain, je pars explorer l'île. Je ne louerai pas de voiture, car le réseau de bus sur Ischia est très efficace, avec plusieurs lignes dont la CS (Circolare Sinistra) et la CD (Circolare Destra) qui font le tour de l'île dans un sens ou dans l'autre, d'où leur nom. Ticket journalier: 4,50€.
Je vais d'abord longer la côte en m'arrêtant à Casamicciola Terme, petite ville thermale, puis à Lacco Ameno. Il faut avouer que la circulation est autrement plus dense qu'à Procida, mais le bord de mer est superbe.
Je stoppe ensuite à Forio, deuxième ville de l'île, avec son petit centre historique et sa belle église blanche sur un promontoire. Le tourisme de masse n'a pas encore dicté sa loi sur Ischia... du moins pour l'instant.
L'avantage du bus, c'est qu'il n'y a qu'à se laisser mener tout en profitant du paysage, ça change pour une fois. En début d'aprem j'arrive dans le sud de l'île, à Sant'Angelo, un petit village de pêcheurs tout blanc, encore intact et pas encore trop fréquenté. Après Sant'Angelo, le bus prend de la hauteur pour sillonner l'intérieur de l'île, au relief beaucoup plus montagneux, parsemé de petits villages tranquilles comme Serrara et Fontana. C'est à Fontana que je descends pour entamer l'ascension de ce fameux Monte Epomeo (un ancien volcan, faut-il le rappeler). Grimpette plutôt facile, juste faire gaffe aux parties de sentiers en cailloux qui parfois se dérobent sous les semelles! Après, le sentier devient un genre d'escalier taillé dans la roche blanche; le sommet n'est pas loin! Et quel panorama à 360 degrés de là-haut!
Je redescends vers le village, pour revenir vers Ischia Porto en bus. Hé bien, ce parcours via des routes de montagne sinueuses et étroites, traversant des villages de poche, offre des croisements de véhicules vraiment épiques! Surtout quand un autre bus arrive en face et que mon bus doit reculer sur un parking, guidé par une passagère à l'arrière!! Mais me voilà arrivé, le temps de me reposer avant de repartir en soirée pour aller casser la graine!
Je retourne sur Forio, et après 15-20 minutes de marche, sans transition je suis en pleine campagne, sur un petit chemin entouré de vignes qui me conduira à un charmant petit resto à l'intérieur taillé dans la pierre de tuf. Excellent décor pour déguster LA spécialité de l'île: le coniglio (lapin) all'ischitana, qui a mijoté avec des tomates et des herbes. Et en digestif, on peut tester le curieux "rucolino", une liqueur verte fabriquée à partir de feuilles de roquette! La cuisine italienne me surprendra toujours!
https://www.youtube.com/watch?v=LxFqMlFZ1SM
Je quitte donc Ischia en matinée pour un trajet d'une heure, direction la "star" des îles de la baie de Naples, l'île-glamour, et accessoirement celle qui a permis à Hervé Vilard de lancer sa carrière: CAPRI!
La voilà qui se rapproche peu à peu, ses hautes falaises abruptes se dressent, contrastant avec le bleu azur de la mer. Les nombreuses maisons et villas blanches partent à l'assaut de ses pentes boisées.
Relief impressionnant, ça va de soi. Impressionnante aussi, la circulation maritime le long de ses côtes: un trafic dingue de petits bateaux privés ou d'excursion (sûrement pour la Grotte Bleue); celà me rappelle la frénésie du Grand Canal de Venise!
Le débarquement n'est pas mal non plus, finie la quiétude de Procida et Ischia, ici on retrouve les flots de touristes (parfois des groupes...) qui vont soit se jeter sur le funiculaire qui monte au village de Capri, soit assaillir les petits bars à Marina Grande, pour se taper un bon panino plus cher que sur Ischia. Mais Capri, ce sera pour demain, car moi je monte à Anacapri, tout en haut à 4km, l'autre village de l'île, plus calme et authentique.
Pour aller à Anacapri, rien de mieux que le bus! Crois-moi, c'est une aventure. Déjà l'attente au quai, tu as une file de plusieurs mètres. Pourtant, la fréquence des bus est de 15 minutes! Alors? Que je te décrive un bus capriote: un mix de camion, de bus scolaire et de boite à chaussures, d'une capacité plutôt limitée. Alors on entasse, on exploite au maximum la compressibilité du corps humain... et on y va!
Et ça grimpe, sur une route étroite tout en virages; les croisements entre bus sont "millimétrés", on croise aussi ces curieux taxis ressemblant à des limousines décapotables. Tu arrives à Anacapri, tu sens une odeur de caoutchouc brûlé émanant du bus, et là tu te poses des questions...
Bref, me voilà au coeur d'Anacapri, c'est ici que je logerai dans un genre de B&B pas trop cher (c'est-à-dire moins de 80€). Une petite église, des ruelles calmes, pas de magasins à vitrine tapageuse, c'est moins "m'as-tu vu" qu'en bas. Tant mieux! On est situé plus haut que Capri, et le point culminant de l'île, le Monte Solaro, est à proximité. On peut aller au sommet, soit à pied, ou par l'amusant télésiège (8€ la montée simple, 11€ l’A/R) qui, en 10 minutes de grimpette, m'amène à presque 600m d'altitude, et offrant une vue d'anthologie sur toute l'île. Chouette engin, le telésiège, avec sa petite dose de sensations! Ensuite je suis descendu à pied jusqu'au village, je me suis baladé au hasard, en soirée petit resto tout simple fréquenté par les locaux... D'un belvédère, on a une autre super vue sur Capri en bas, le soir la marina est éclairée.
Il fait nuit, les ruelles sont quasi désertes, pas un chat (ah si... un ou deux!), le vent s'engouffre dans les ruelles... Irréel quand on pense à l'effervescence d'en bas.
Le lendemain, je descends à Marina Grande, non pas en bus, mais par l'Escalier Phénicien (Scali Fenici), une incroyable dénivelée de 200m comptant quelque 900 marches parfois hautes ou taillées dans la roche. Au port, je vais remonter sur Capri, c'est l'occasion de tester le funiculaire qui, en quelques minutes, m'amène à deux pas de la Piazza Umberto I (avec un beau panorama), presque déjà au coeur du village. C'est un lacis de petites ruelles, bordées de maisons blanches... et de divers magasins de luxe; le contraste avec Anacapri, je te dis pas! Dieu merci, pas de voitures ici, juste quelques mini véhicules, du genre porte-bagages dans les aéroports. Le matin c'est encore assez calme.
J'aime mieux fuir un peu çà, je vais faire une balade par un sentier en boucle pour voir certaines merveilles naturelles de l'île. Entre autres, l'Arco Naturale, la grotte Matermania ou les célèbres trois rochers "Faraglioni", qui offrent un point de vue magique sur la mer! Un peu avant, on entrevoit la Villa Malaparte, lieu de tournage du film de Godard, "Le Mépris".
En revenant ver le village, on peut encore visiter la chartreuse San Giacomo et son vaste cloître, à côté des jardins d’Auguste, un agréable parc ombragé et fleuri.
Le temps de recharger mes batteries avec un plat de pâtes aux courgettes, je repars vers le Monte Tiberio et la Villa Jovis (enfin, ce qu'il en reste!), l’une des villas que l’empereur Tibère possédait sur l’île. La balade par un sentier dallé permet de faire connaissance avec une Capri différente, paisible, plus agreste (les citronniers alternent avec les vignes) et nettement moins touristique.
Et le panorama du Monte Tiberio est absolument sidérant!
Après cette journée fantastique, retour en soirée à Anacapri, je retourne une 2ème fois dans ce petit resto où j'ai sympathisé avec les serveurs, pour un p'tit plat de ravioli alla Caprese et un surprenant "Finocchietto", un digestif au fenouil sauvage, au goût anisé; je me vois offrir un limoncello, on parle football ensemble... La soirée est belle.
Tôt le matin, je redescends en bus (seul passager!) jusqu'à Marina Grande. Je retourne en effet vers Naples avec un ferry de la SNAV, pour une heure de trajet. Tiens, les consignes de sécurité sont données de façon hyper original, avec ce petit "rap"; si on faisait pareil dans les avions... regarde çà:
https://www.youtube.com/watch?v=EfuAxbxxX_8
Arrivée au Molo Beverello et retour dans la cacophonie napolitaine; oh pas longtemps, un petit coup de métro pour rallier la gare centrale, d'où je vais démarrer, en voiture de location, la deuxième grande partie de mon périple. On va ensemble sillonner une partie du sud de l'Italie!
Première petite appréhension: sortir de Naples en voiture! Ben non, ça s'est bien passé, c'était pas plus difficile qu'à Milan. Et ça va démarrer fort, car je pars à la rencontre de celui qui a figé Pompéi et Herculanum pour l'éternité, cet impressionnant volcan de 1281m de haut, endormi mais aux phases de sommeil-réveil imprévisibles: le Mont Vésuve! Et pourtant, bien que sa dernière éruption date de 1944, on voit que les habitations les plus proches s'accrochent parfois aux début de ses versants! En cas d'évacuation, ça a intérêt à être rapide!
Le paysage montagneux autour du volcan est splendide, la montée au cratère relativement facile; la vue sur celui-ci est ahurissante, ainsi que la vue extra sur toute la baie de Naples! Mais le porte-monnaie ne s'en sort pas indemne: 5€ le parking, un service de navettes-taxis qui t'avance au pied du sentier (pour 2km seulement... je m'en fous je l'ai fait à pied aller-retour), et enfin les 10€ pour gravir le sommet avec soi-disant un guide; ouais, seulement pour les groupes! Un petit goût d'amertume, je dois l'avouer.
Je rejoins la côte au sud de Naples pour faire un stop à Sorrente, le long de la péninsule du même nom. Jolie petite ville, mais au final pas grand-chose à voir, si ce n'est la superbe vue plongeante sur le port et la mer, et la petite église San Francesco avec son cloître. Je poursuis ma route, en rattrapant la route SS-163 qui va bientôt longer... la mythique Côte amalfitaine (qui débute réellement à Positano)! En attendant, c'est déjà un ravissement de longer la mer au plus près, sur cette route sinueuse à flanc de rocher. Ah, Positano en vue! Mais on verra çà demain, car je vais bifurquer vers une toute petite route étroite qui grimpe vers le petit village de Nocelle, vraiment situé en balcon au-dessus de Positano. Je me pose à la Villa Sofia, sur le sentier qui dégringole jusqu'à la côte (1700 marches seulement); ma terrasse de chambre offre une vue plongeante sur Positano et la mer, et un super accueil en prime!
http://www.villasofia.org/camere.htm
Un seul resto, un peu huppé, au village. Je me rabats donc sur la supérette où je me fais faire un panino mortadelle, et un autre garni d'un étonnant fromage local, fumé et fourré aux olives. Le village est charmant avec ses escaliers, ses étroites venelles et son église faisant face à un paysage grandiose. En fait, Nocelle est un "cul-de-sac", mais c'est d'ici que démarre (ou finit) le Sentier des Dieux (Sentiero degli Dei), qui surplombe la côte de très haut sur 8 km jusqu'à Bomberano. Belle occasion pour un fana de rando comme moi pour aller le titiller sur une partie de son tracé! Les panoramas sont à couper le souffle; de plus, en soirée il fait moins chaud, et le soleil amorce son coucher sur la mer. C'est magique! Attention toutefois, le sentier est parfois irrégulier avec de soudaines dénivelées, et sans garde-fou sur le vide. Vaut mieux donc avoir le pied sûr et ne pas débouler ici en espadrilles...
https://www.youtube.com/watch?v=vQfWTrHLPdQ
Après un petit-déj' de rêve sur la terrasse panoramique, je redescends cette route où les croisements sont souvent difficiles (surtout quand c'est un de ces petits bus qui vont jusque Nocelle!). Et je me confronte à un gros problème de la côte amalfitaine: se garer! Soit on se choisit un petit parking payant le long de la route d'accès (tarifs "fluctuants", attention), soit se garer "à l'arrache", le long de la route avant le village. Je choisis cette option, en me plaçant, bien sur le côté, au début de la route qui va vers Nocelle. Croisons les doigts...
Positano, c'est un gros village dont les maisons colorées ont l'air de se retenir au flanc de la montagne pour ne pas finir dans la mer! Et bien sûr la topographie s'en ressent, avec un festival d'escaliers et de ruelles très pentues. Pour rallier la plage, je n'ai fait QUE descendre (et ensite il faudra remonter, oui je sais!). Jolie plage de sable noir, avec le village qui s'étage en face, entourant sa jolie petite église au dôme doré. Cela m'a rappelé un peu Manarola dans les conque Terre. Un cadre enchanteur, c'est clair, mais pour l'authenticité c'est moins évident quand on voit toutes ces boutiques à touristes...
Je quitte Positano (sans contravention, ouf!) pour reprendre cette superbe route qui longe certainement un des plus beaux paysages côtiers d'Italie. J'évolue dans un décor de rêve le long de la mer, mais attention à la conduite: la route se rétrécit parfois on ne sait pourquoi, les virages succèdent aux virages, et les "arrêts-photos" des touristes motorisés arrivent sans crier gare! Et quand tu croises un bus en plein virage, c'est pas mal non plus...
Bref, me voilà arrivé à Amalfi, où le stationnement et le trafic sont encore plus chaotiques (la traversée du bas du village est... homérique!). Oh, tant pis, je déroge un peu à mes habitudes en prenant un parking payant (je resterai pas la journée non plus!). Mais point positif, ce parking est relié directement au village par un tunnel.
Amalfi a donné son nom à la côte, c'est un village beaucoup moins escarpé que Positano, d'accès côtier plus aisé. Enserrée par les montagnes, elle s'étire plutôt en longueur avec une longue rue principale d'où partent plein de ruelles. Impossible de rater sa belle cathédrale, tout en haut d'un impressionnant escalier (ce qui la met en valeur).
Amalfi est très touristique aussi, vous ne serez pas seul(e)s, mais il me semble voir moins de boutiques à touristes ou de luxe qu'à Positano. Il fait plus calme quand on s'éloigne un peu de l'artère principale.
On croirait pas comme çà, mais Amalfi fut un des principaux ports d'Europe et une République maritime du 9ème au 12ème siècle, rivalisant avec Pise, Venise et Gênes pour le contrôle de la Méditerranée. Mais les Pisans, en 1137, brisèrent définitivement ce leadership.
Je quitte donc Amalfi, toujours par la SS-163 qui accentue encore plus sa sinuosité. Du point de vue conduite uniquement, ça devient un peu éprouvant. Mais la fin de cette "épreuve" au volant se termine, car au loin se profile la ville de Salerne; ensuite la côte continue et se perd à l'horizon, vers le sud. Bien au-delà, commence la Calabre.
Mais ce n'est pas vers la Calabre que je vous emmène...
Après Salerne, je prends l'autoroute direction plein est, vers les Pouilles. Ce sera pour plus tard les Pouilles, chaque chose en son temps. On va d'abord découvrir ensemble la région moins connue, moins fréquentée de la Basilicate (anciennement la Lucanie). Pour situer, l'Italie a la forme d'une botte (noon??); la pointe, c'est la Calabre et les Pouilles le talon. Hé ben la Basilicate, c'est comme qui dirait la "cheville", la jonction entre les deux!
Quittons donc cette foutue autoroute pour emprunter les petites routes champêtres. Mon premier stop sera pour le village tranquille et méconnu d'Aliano. Le paysage est assez curieux: peu boisé, avec ces petites montagnes blanches et argileuses façonnées par l'érosion. Aliano est lui-même comme en équilibre au bord d'une falaises abrupte, en surplomb d'une ravine argileuse. C'est un charmant petit endroit, hors du temps, c'est un contraste terrible après Rome, Naples et la cohue touristique. J'en vois même pas, de touristes!
Sur des bancs en bois, des vieux messieurs assis, avec veston et chapeau comme dans les vieux films; ils papotent, certains ne bougent pas, comme s'ils étaient en cire. Il sont là, tout simplement. Je découvre une Italie plus intime, plus "vraie".
A présent, les paysages montagneux s'affirment, forêts et prairies alternent le long de routes sinueuses qui grimpent; j'entre dans les Dolomites lucaniennes, région très rurale aux panoramas grandioses. Je m'égare même un peu (c'est rare) et finit quand-même à trouver Pietrapertosa, petit pépite de village étagé sur un large piton rocheux et un des bourgs les plus hauts de la région! Quelques femmes discutent assises sur un muret, et un petit food-truck à l'entrée du village attire bon nombre de locaux. C'est surprenant comme cette région est peu concernée par le tourisme de masse... tant mieux, du coup!
Avec les petites routes de montagne, 10 petits kilomètres peuvent paraître plus longs à parcourir; mais quand tu croises seulement UN véhicule, tu relativises en comparaison avec la côte amalfitaine... 10km c'est la distance pour arriver à un autre bijou de village: Castelmezzano. Il est peut-être un petit cran au-dessus de son voisin quant à la beauté du village et les pics rocheux qui l'entourent! Et plein de petits sentiers pour voir tout çà d'un peu haut! Quelle chance de passer la nuit ici, hein? Un Airbnb (encore!) dans une vieille maison en pierre cachée dans une ruelle du bourg, chez Rocco, qui m'invite tout de suite à s'envoyer une ou deux bières au bar du village, en compagnie de joyeux gars bien d'ici! Dis-toi qu'aucun "package" de voyage organisé ne proposera jamais çà!
Une activité insolite: une tyrolienne de 1400m de long qui relie à vol d'oiseau Castelmezzano et Pietrapertosa (avec des pointes à 120km/h!); cette attraction est appelée "le Vol de l’Ange". Pas pu le tester, mais ça donne çà:
https://www.youtube.com/watch?v=M6iuCP0fOiY (*pas de moi)
Je repars de bon matin à travers la montagne, par un tas de chemins étroits avec çà et là des pâtures et des fermes isolées. Parfois, des moutons sont encore gardés par un "patou", un gros chien de berger blanc. C'est un décor qui se savoure, je prends mon temps. Je prends mon petit-déj' au bar d'une mini station-service dans un petit village, où les habitués du coin lisent leur gazette au comptoir.
J'entre bientôt dans le territoire du Parc national du Pollino, le plus grand parc naturel d’Italie avec presque 2000 km², à cheval sur la Basilicate et la Calabre. On quitte les montagnes plus ou moins dénudées des Dolomites lucaniennes pour pénétrer dans un paysage de forêts plus denses (chênes, hêtres ou conifères), entrecoupé de vastes plateaux herbeux. Un vrai paysage de montagnes comme je les aime!
J'explore deux petits villages, pas loin l'un de l'autre: San Paolo Albanese et San Costantino Albanese; paisibles comme tout, pas de monuments importants, mais... attends, l'Hôtel de Ville, en italien OK ça se dit "municipio", mais à San Costantino, à l'arrière il est noté "Bashkia Comune"; mon appli traduction m'apprend que c'est de l'albanais. Justement, ce terme "albanese", d'où ça sort? Ce sont des villages dits "Arbëresh" ou albanais, du nom de ceux qui durent fuir l'occupation ottomane au 15ème siècle, à cause de leur religion, et se réfugièrent dans le sud de l'Italie.
Et nombre d'habitants y parlent toujours l'albanais, et sont de confession orthodoxe ou catholique.
Terranova di Pollino est un autre petit village de montagne, tout simple et ignoré des circuits touristiques. C'est jour de marché aujourd'hui. La vie s'y écoule paisiblement... et durablement aussi, quand je vois encore le nombre de personnes âgées prendre le frais au seuil de leur porte.? L'air de la montagne conserve la santé, apparemment!
Hé bien, c'est ici que j'ai fait un des meilleurs repas italiens de mon voyage, avec une cuisine de montagne roborative (assiette charcuterie/fromage/pain frit, pâtes, "mix" de diverses viandes...), pichet de rosé, grappa au miel pour 30€, pas plus! Le "Luna Rossa" est une institution de la région, et son chef Federico Valicenti un vrai "personnage" dans le sud de l'Italie (il a écrit des bouquins de recettes, présenté des recettes à la télé...).
https://www.federicovalicenti.it/
https://www.youtube.com/watch?v=qkG9yle0xOI
Rassasié, je reprends la route au gré des petits chemins, à travers bois, offrant parfois de belles échappées sur les montagnes et les prairies, traversant çà et là des minuscules hameaux plantés là au milieu de nulle part. Voilà qu'à un moment, sur un petit pont à la sortie d'un village, une voiture bloque le passage. En panne? Ben non, c'est 4 jeunes gars qui profitent du moment, comme çà, en sirotant du vin au cubi dans des gobelets en plastique. Et tu sais quoi? Il viennent à moi et m'en offrent un, on parle un peu puis ils dégagent le passage pour moi. La magie des rencontres!
Et la magie de cette Basilicate qui se dévoile à qui veut prendre la peine de s'y arrêter et de l'explorer! Ce sera peut-être toi qui me lis, le (la) prochain(e) à y aller?
Bon, en tout cas pour cette nuit, petite chambre d'hôtes à San Severino Lucano... en attendant demain pour découvrir ce que j'appellerais la "cerise sur le gâteau" de cette région fabuleuse!
Je vais quitter progressivement la partie montagneuse de la région pour bientôt aborder une ville emblématique de la Basilicate: Matera. Un peu de patience, car la première approche de la ville n'est pas terrible, tout en rues banales et bâtiments tristes. Quelques rues proposent des places de parking gratuites, çà c'est bien.
Je pénètre dans une zone piétonne qui m'amène sur la jolie Piazza Vittorio Veneto. Mon logement est tout près, dans une petite ruelle qui descend. J'ai du bol, j'ai une petite terrasse... qui va me permettre de prendre en pleine face l'hallucinant décor que constitue la vieille ville de Matera.
Difficile de décrire: un ensemble compact de vieilles maisons, très anguleuses, sillonné par de vénérables ruelles qui vont où ça leur chante, tout cela étagé sur un versant rocheux qui rattrape les bords d'un petit canyon appelé la Gravina. Au fond y coule une rivière.
Comparer à une autre ville? Désolé j'y arrive pas. La disposition des habitations aussi est troublante, car les toits de certaines maisons servent de support à celles du niveau supérieur, comme un jeu de lego! Décor très minéral donc, avec de nombreuses demeures de style troglodytiques.
Justement, nous y voilà! Voilà LA raison pour laquelle Matera doit son succès: ces habitations creusées dans le tuf, qu'on appelle les "sassi", répartis dans deux quartiers distincts dénommés le Sasso Barisano et le Sasso Caveoso.
Pour se faire une idée, on peut visiter la Cassa Grotta di Vico Solitario, un genre de "sasso-témoin" qui offre un bon aperçu de la vie à Matera au milieu du 20ème siècle. Plutôt spartiate et pas simple en hiver, sans compter la cohabitation avec les animaux! À côté de la grotte il y a une "neviera", une glacière XXL, où la famille gardait la glace durant l´hiver. Il faut se dire que déjà au 19ème siècle, la pauvreté des habitants des sassi va s'accentuer de plus en plus, avec parfois 10 personnes dans un seule pièce, sans parler des ravages de la malaria; l'insalubrité de ces lieux deviendra un symbole dans tout le pays. Sur décision politique, les habitants furent contraints de quitter leurs sassi. Sauriez-vous croire que Matera fut surnommée "la honte de l'Italie"? Elle a pris une belle revanche depuis, même si certains sassi sont devenus des hébergements un peu bobos. Et en 1993, les sassi sont classés à l’Unesco.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2015/08/25/basilicate-la-belle-inconnue_4735790_4497319.html
Une autre particularité de Matera, ce sont ses étonnantes églises rupestres, créées par des moines byzantins à partir du 8ème siècle, certaines aménagées très sommairement dans une grotte (un simple autel), d'autres d'aménagement plus complexe. Cherchez bien, il y en a un paquet à Matera et ses alentours!
Le temps de profiter d'un chouette point de vue depuis le parvis du Duomo, la soirée s'amorce et il est temps de dénicher bonne pitance... manger, quoi. Voici justement un petit resto populaire planqué dans une petite rue du Sasso Barisano. Je goûte un plat de pâtes en forme de petites oreilles, qu'on appelle orecchiette (d'où le nom) avec du pesto di rucola (*roquette); pas mauvais du tout.
Je profiterai encore le lendemain matin d'un dernier panorama méga-sublime sur tout Matera, mais pour cela il faut quitter la cité et faire quelques km en voiture et passer sur l'autre versant du ravin de la Gravina. En principe on peut descendre jusqu'à la rivière par des sentiers un peu escarpés... enfin on pouvait, car un avis dit que c'est plus trop possible: dangereux, qu'ils disent.
Mais c'est vrai que certain(e)s n'ont toujours pas compris que les tongs et les escarpins, c'est pas pour la rando!!
https://www.youtube.com/watch?v=8yWQlforUAk
Je laisse donc la belle Matera pour filer à l'est; à peine 20 km plus loin, je quitte la Basilicate pour entrer dans les Pouilles. En fait, c'est le "talon" de la Botte. On dit les Pouilles en français, mais en italien, comme on dit "la Puglia", moi je préférerais dire LA Pouille. Voilà.
Les vastes champs d'oliviers commencent à apparaître. C'est normal, la Pouille est la première région productrice d'huile d'olive du pays! Mais pour l'instant; les paysages ne sont pas transcendants: je vois parfois des petits dépôts sauvages de déchets, je passe des petites villes sans grand charme... Un peu de patience, ça va s'améliorer. Car j'aperçois bientôt à l'horizon ce liséré bleu azur qui m'annonce la mer Adriatique, celle qui sépare l'Italie de la Croatie.
Pour aller la voir de plus près, je vais m'arrêter à Polignano a Mare. Et ça démarre en fanfare, cette petite ville côtière possède un charme fou, avec ses petites ruelles et ses maisons blanches qui s'accrochent au bord d'une haute falaise calcaire. Son centre ancien est même entouré de remparts. On dirait un mix entre Matera et Bonifacio, aux couleurs d'une ville d'Andalousie!
Et cette statue, là, ce monsieur qui a l'air de vouloir s'envoler? C'est Domenico Modugno, un chanteur qui cartonnait dans les années 1950; une de ses chansons est restée dans les mémoires, on l'a tous fredonné:
https://www.youtube.com/watch?v=nD8BryVB9d0
Bon, je mange un bout, moi. Voyons... un panzerotto, c'est pas trop cher, mais je sais pas trop ce que c'est. Alors en fait, c'est un genre de chausson fourré aux tomates et à la mozza; ça me rappelle vachement la "pizza fritta" de Naples.
A peine 10 km plus loin, voilà Monopoli, une autre petite ville côtière qui de prime abord, ne paie pas de mine avec ses centres commerciaux et ses longues rues droites. Il faut prendre la peine de s'enfoncer et se perdre dans son centre ancien, un dédale de petites ruelles aux maisons blanches avec leurs volets verts. Et le mignon petit port n'est pas en reste, avec ses petits bateaux de pêche colorés, certains amarrés à quai.
Euh... dernière chose: le premier qui me demande où est la rue de la Paix à Monopoli, je le vire!!
Après Monopoli, je cesse longer la côte adriatique pour revenir dans l'intérieur des terres. On rattrapera la côte ouest de la région plus tard! Je vais maintenant pénétrer dans une Pouille plus rurale, où les champs d'oliviers bordés de petits murets alternent avec quelques prairies et de rares champs de céréales. Joli patchwork, ma foi, avec de belles petites routes secondaires pas trop fréquentées.
Mais je commence à voir, en bord de route ou en plein champ, d'étranges constructions en pierre sèche avec un toit en forme de cône pointu. On dirait un mix entre un "champignon" de schtroumpfs et une cabane de lutin! Ce sont les fameux "trulli" (trullo au singulier), un des symboles de la Pouille. A la base ce sont de petites habitations rurales parsemées dans la campagne, qui ont connu leur âge d'or au 19ème siècle. Certains trulli sont "collés" l'un contre l'autre pour former une seule habitation, et ils peuvent même former un petit village comme à Alberobello (qu'on ira bientôt voir). Quelques-uns sont abandonnés, d'autres servent de maisons d'hôtes. Tout çà tient sans mortier, avec des murs épais qui gardent au chaud l'hiver et au frais l'été. Et le toit conique empêche la neige de s'accumuler (bon, tu me diras, en juin pas trop de danger).
Je m'arrête à Cisternino, un gros village dont le centre ancien laisse courir au hasard ses ruelles tortueuses qui passent parfois sous des porches, dans un décor de maisons toutes blanches (car passées à la chaux) qui me rappellent un peu l'Andalousie. Elle a encore quelques remparts, et surtout une jolie Piazza avec quelques bars-terrasses. Voilà une chouette occasion de se poser pour goûter une petite douceur régionale appelée bocconotto (ou pasticciotto selon l'endroit); c'est comme une grosse madeleine garnie d'amandes et de crème pâtissière (parfois de fruits confits) et saupoudrée de sucre. Plutôt du genre délicieux, tu vois.
J'aurais bien voulu voir plus en profondeur le village voisin de Locorotondo, mais l'après-midi est déjà bien entamé. Un petit tour quand-même me permet de découvrir un autre petit bijou de village blanc aux charmantes ruelles, sans doute un poil moins touristique que Cisternino.
Dormir dans un trullo? C'est possible, c'est d'ailleurs ce que je vais faire cette nuit! A 10km d'Alerobello, en pleine campagne au milieu des champs d'oliviers, un petit groupe de trulli a été restauré en chambres d'hôtes; Gianni est un hôte merveilleux et un puits de science concernant les trulli. J'aime ces coins isolés, ça permet de se déconnecter de tout! A 1km à pied, par un chemin rural à peine plus large qu'une voiture, je me retrouve dans un petit resto à l'ambiance ultra-familiale, loin du tourisme. Monsieur gueule les commandes à sa femme et sa fille, qui ont autant de voix que lui! Sympa pourtant, on parle un peu ensemble, et j'apprends que mon voisin de table est en fait son producteur de figues. Un repas copieux (cet assortiment de fruits, j'ai eu du mal à le finir, en plus du café et des biscuits!) pour à peine 20€; tu vas à Paris, c'est quasiment le prix d'un plat!
Je rentre au trullo dans l'obscurité, avec en fond sonore le stridulement des grillons; je savoure un petit limoncello avec Gianni au jardin. C'est chouette de voyager autrement!
Alberobello n'est qu'à 15 minutes en voiture. C'est là que je vais ce matin. C'est dans cette petite ville qu'on trouve la plus incroyable concentration de trulli de toute la Pouille. Inscrit à l'Unesco, on peut s'en douter.
C'est un quartier entier de trulli côte à côte, le long de ruelles pentues, éclatants de blancheur, dont certains ont des symboles, aussi divers que curieux, peints à la chaux sur leur toit (croix, signes du zodiaque, animaux...). Le quartier Monti est celui qui contient le plus de trulli, mais victime de son succès, il est envahi par de foutues boutiques de souvenirs et d'artisanat. Et ça casse un peu la magie du lieu. Par contre, le quartier Aia Piccola est moins fréquenté et plus typique. Et il y a même une église de style "trullo", la chiesa di Sant'Antonio.
On peut visiter aussi le "trullo Sovrano", le seul du genre qui comporte deux niveaux. En tout, il y aurait au moins 1500 trulli à Alberobello. Bon, j'ai pas compté, je peux pas tout faire, non plus... Bref, c'est un endroit unique en Italie, même si le tourisme de masse y a laissé ses traces par ci par là.
https://whc.unesco.org/fr/list/787
40km à l'est, Ostuni est une autre ville dont la blancheur des maisons, étagées sur une colline, fait presque mal aux yeux avec la réverbération du soleil. Elle n'a pas volé son nom de "Citta Bianca". Même si certains coins du centre historique sont aussi à la merci des magasins de babioles, cela reste délicieux de se perdre dans toutes ces petites ruelles bordées de maisons blanchies à la chaux. La pratique du chaulage ne date pas d'hier, le but premier étant d’apporter un peu de luminosité dans les rues étroites.
La cathédrale trône au point le plus élevé de la cité.
Il fait super chaud aujourd'hui. Ce sont les prémices d'une vague de chaleur qui va toucher le pays, puis une grande partie de l'Europe (on aura jusqu'à 36 degrés en juillet dans notre petite Belgique!). Je vais me sustenter à l'ombre d'une terrasse d'un petit resto discret. Voici un plat typique de la Pouille: la "purè di fave", mélange de fèves, d'huile d'olive et de mie de pain, avec un peu de tomates et d'oignons; exemple typique de la "cucina povera" de la Pouille, basée sur le nombre limité de produits naturels que la terre et la mer ont à offrir. Mais que ce nom de "cuisine pauvre" ne rebute pas les gourmands, au contraire la richesse de goût de ces plats est extraordinaire!
http://www.italianmade.com/ca/3-delicieuses-raisons-dexplorer-la-cuisine-des-pouilles/?lang=fr
Grosse étape de roulage à présent, pour rejoindre la côte ouest de la Pouille, bordée par la mer Ionienne. Je décide de passer outre Tarente et rejoint la côte à 50km au nord de Gallipoli, ma prochaine étape où je poserai mon sac de cette nuit!
J'arrive donc à Gallipoli, une petite ville côtière dont la vieille ville fortifiée est un des joyaux de la côte ouest.
L'arrivée dans la ville moderne n'est pas terrible, avec ses rues à angle droit et son vaste parking (payant) près du port.
Je débusque une place gratos le long d'une voie ferrée désaffectée pas très propre. Petit appartement dans la ville moderne qui, si on "gratte" un peu, peut se révéler sympa avec son artère commerçante et ses petites rues adjacentes tranquilles qui débouchent au sud le long de la mer. Excepté peut-être cet audacieux immeuble en verre qui fait face aux remparts, et qui divise les opinions (on dirait un écran de PC géant, non?).
La ville moderne est reliée à la ville fortifiée par un pont de pierre; le Castello Aragonese s'avance dans l'eau comme la proue d'un navire, les remparts entourent les petites maisons blanches, et le port s'étale sur la droite (le parking aussi...). Cette configuration me rappelle une cité que je connais super bien: Saint-Malo!
Surprenant petit centre historique, avec sa cathédrale, ses ruelles labyrinthiques où il fait bon se perdre et retrouver le calme (le gros des touristes restant près de la cathédrale), ses églises et ses vieux palais. Et le coucher de soleil, sur la corniche qui entoure la vieille ville, est un moment d'anthologie!
Le lendemain matin, je reprends ma route en longeant la côte vers le sud. Cette région est moins prisée des touristes, les champs d'oliviers sont toujours présents, les plages sont beaucoup plus familiales; c'est une sensation de sérénité que de se balader sur ces petites routes pas trop fréquentées, de m'arrêter quand l'envie m'en prend. Qu'on est loin de la folie et du bling-bling de la côte Amalfitaine!
Et me voilà à Santa Maria di Leuca, petite station balnéaire qui est la ville la plus au sud du "Talon" italien. Son petit port de pêche est dominé par un phare imposant de 47m de haut, lui-même perché à 100m au-dessus de la mer, sur son promontoire et face au sanctuaire Finibus Terrae ("Fin de la terre"). L'endroit est relié au port par un long escalier qui longe cette incroyable "Cascade Monumentale", terminus d'un aqueduc... et délire architectural d'un certain Mussolini. Elle n'est mise en eau que très rarement. En voici un exemple (* pas de moi):
https://www.youtube.com/watch?v=3pE50flQ77k
Le centre-ville est très paisible, avec son église, ses petits restos et les quelques villas parfois exubérantes de style mauresque ou liberty. Midi, heure du miam-miam; allez, pourquoi pas une pizza, avec cette glace au citron fourrée dans un citron évidé (marrant)!
Je retrouve avec plaisir la côte adriatique que je longe par une jolie route aux paysages sauvages, qui prend parfois des allures panoramiques au-dessus de falaises calcaires, offrant de super points de vue. Et dire que l'Albanie n'est qu'à 80km à vol d'oiseau! J'arrive à Otranto, une cité fortifiée ceinte de puissants remparts et dominée par le Castello Aragonese. Sa cathédrale est fascinante avec son pavement en mosaïque et cet étrange ossuaire renfermant les 800 crânes des "martyrs d'Otranto", exécutés en 1480 par les Turcs qui ont mis à sac la cité.
La vieille ville recèle des coins charmants si on veut bien s'égarer dans les venelles moins courues que la rue principale qui relie le port au chateau. Et un p'tit tour sur les remparts offre une vue plongeante géniale sur le port. Ah, c'est déjà le soir, passons à table pour continuer à découvrir les délices de la Pouille! D'abord la burrata, ce fromage crémeux moins connu, "inventée" par un fromager qui, ne voulant pas gaspiller sa mozzarella de la veille, l’aurait farcie de crème et de restes de mozzarella effilochée. Et ensuite des linguine ai ricci di mare, des pâtes garnies de chair d'oursin. Etonnant, à goûter absolument!
Un dernier mot sur mon hébergement insolite: à la gare même d'Otranto, enfin à son étage, où se trouvaient les anciens bureaux! Elle fonctionne encore, mais à raison de 2-3 trains par jour (les bus assurent le relais). Ma chambre est au-dessus des quais, et le soir en rentrant, c'est moi qui ai fermé les grilles d'accès à la gare, fermée la nuit.
Je poursuis mon exploration de cette belle et surprenante Pouille, en quittant momentanément la côte et en m'enfonçant dans les terres à 40km d'Otranto. Je vous emmène découvrir une ville d'intérêt majeur de l'Italie du sud, dont l'architecture représente un summum de l'art baroque et qui est souvent citée comme la "Florence du sud": Lecce.
Lecce (prononcer "létché) ne se dévoile pas tout de suite; sa périphérie est même assez tentaculaire; ajoutes à çà une circulation intense et des travaux, crois-moi que c'est pas forcément rose pour l'automobiliste! Je trouve une place à l'arrache près de la gare, le centre historique est à 1km au plus. A son approche, les premières façades des petites rues annoncent déjà l'effervescence du style baroque propre à la ville; la pierre calcaire si tendre et malléable a permis aux sculpteurs de "se lâcher" quant aux motifs représentés!
Voici la Piazza Sant'Oronzo, la plus animée de la ville avec les vestiges bien conservés d'un amphithéâtre et le Palazzo de Sedile. Pas loin, j'en prends plein les yeux avec la fantastique basilique Santa Croce, où la sculpture baroque atteint des sommets de virtuosité! Tout décrire? Tu veux rire, il faudrait un carnet à part.
Et le show continue avec l'arrivée sur la Piazza del Duomo, d'une grande beauté, à laquelle on accède que par uns seule entrée. C'est étrange, elle est toute vide: pas de fontaines, de monument au centre. Elle est cernée par le Palais épiscopal, le musée diocésain, et son campanile qui s'élance à 70m de haut. Et bien sûr, la cathédrale Santa Maria Assunta, dont le foisonnement baroque n'a pas à rougir face à sa copine Santa Croce (quoique cette dernière, pour moi, est un cran au-dessus)! Tu crois que c'est tout? Des palais et des églises, il y en a bien d'autres à Lecce, de quoi faire tourner la tête aux amateurs d'art!
Ben dis-moi, elle décoiffe cette ville de Lecce! Il faut absolument la découvrir si on se balade dans la Pouille. Elle reste toutefois moins connue que les "pointures" comme Rome ou Venise, mais son surnom de "Florence du sud" n'est pas usurpé. C'est pas tout çà, je vais manger un petit "snack" typique du coin: une puccia; c'est un petit pain rond garni de plein de bonnes choses (viande ou fromage, aubergines, tomates, roquette...). Avec une petite bière Moretti, ça cale son homme...
Je remonte à présent vers le nord pour rejoindre la côte adriatique, à 40km de Lecce. Me voilà à Brindisi, une ville importante de la Pouille. Sa promenade de bord de mer, agrémentée de palmiers, est bien agréable; mais la mer ne la borde pas de façon "rectiligne", elle s'avance plutôt à la façon d'un petit fjord, c'est curieux.
Le centre historique n'est pas immense, on en a vite fait le tour. La Piazza del Duomo est bien plus modeste que celle de Lecce, mais elle a un charme certain et est à taille humaine.
Brindisi est aussi célèbre pour sa colonne romaine qui marquait le terminus de la Via Appia (Rome, tu te souviens?); en réalité il y en avait deux, mais l'une d'elles s'est effondrée au 16ème siècle.
Franchement, quel chemin parcouru depuis l'arrivée à Rome! J'espère que vous me suivez toujours? Le périple touche bientôt à sa fin; encore une étape!
Un dernier (et long) trajet en voiture sur l'autoroute me conduit à la toute dernière étape de mon périple. Restitution de la voiture à l'aéroport de Bari, ensuite un trajet de 20 minutes en train régional m'amène à la gare de Bari. Il fait encore super chaud aujourd'hui! Je suis dans le quartier Murattiano, la partie moderne de la ville avec son plan en damier et ses nombreuses boutiques. J'atteins le Borgo Antico (la vieille ville) après 1km de marche, en passant près de l'imposant Castello Svevo.
Bari est souvent délaissée au profit de Lecce, elle souffre encore d'une mauvaise réputation: insécurité, ville pas propre... Conneries! Faut peut-être y aller voir avant de critiquer, non? Moi, je peux te dire que le Borgo Antico, entouré de murailles, me fait repenser tout de suite à Naples avec ses vieilles et étroites ruelles, où sèche le linge et cavalent les gosses (et non pas l'inverse, ce serait con). La différence avec sa cousine de Campanie est qu'il n'y a pas cet infernal chassé-croisé de scooters (oh, un de temps en temps, pas plus), ce qui rend les rues plus paisibles et authentiques, le ressenti du côté populaire se ressent avec plus de sérénité.
Des monuments, il y en a aussi, comme la chiesa di San Nicola, qui abrite les reliques du grand saint, ou la cathédrale de San Sabino. On peut aussi déambuler dans la petite Via Arco Basso, où de gentilles mamies, devant chez elles, préparent les célèbres petites pâtes orecchiette.
Le "vieux" Bari réserve vraiment d'autres chouettes surprises, comme ce petit stand tenu par Maria, une figure locale au fort caractère, qui sert des "Sgagliozze", ces petites tranches de polenta frite dans l'huile, servies dans un cône en papier avec une pincée de sel. Moelleuses à l'intérieur et croustillantes à l'extérieur, tout çà pour... 1€ les 6 parts! Juste à côté, un petit bar avec seulement les vieux du coin comme clients, pour s'envoyer une petite Peroni!
Le soir, petite balade le long du chemin de ronde des remparts, face à la mer adriatique, pour rejoindre en contrebas le lungomare, cette longue promenade de bord de mer, la plus longue d’Italie, parait-il. Excellente occasion pour rejoindre la très animée Piazza Ferrarese, face au vieux port et avec un superbe éclairage la nuit tombée.
C'est encore un coin très typique avec ses ruelles autour, où les gosses courent dans tous les sens, parfois houspillés et rappelés de façon théâtrale du haut d'un balcon par un papa qui fait de grands gestes!
Mais à mesure que la soirée s'avance, je remarque un truc étonnant que je n'ai pas vu à Naples. Le long du lungomare, sur le seuil de maisons blanches de la vieille ville, des petits groupes de voisins ou d'amis s'installent, avec des chaises pliantes ou en plastique, déballant des petits trucs à manger et des bouteilles de bière, avec les marmots qui s'amusent autour. Un food-truck s'installe près des remparts, c'est la ruée, il a l'air connu... C'est la Fête des Voisins tous le soirs, ici!! Je n'ai pas constaté çà à Naples, où les gens ont souvent l'air plus casaniers et restent chez eux ou sur le pas de leur porte.
Hé ben voilà: la boucle est bouclée! Retour à l'aéroport de Bari pour un vol de 2 heures qui me ramènera vers mon "plat pays"... où dans les prochains jours, le mercure va s'affoler et faire grimper les températures aussi haut qu'ici en Italie!
Magique et fascinante Italie! Ce fut encore un voyage fabuleux, tant par la richesse historique et culturelle que par la diversité magnifique des paysages! L'Histoire avec un grand H à Rome, ce panachage de folie, d'insolence et de dévotion à Naples, la surprenante Basilicate, et la Pouille aussi à l'aise côté terre que côté mer! Et les Italien(ne)s bien sûr, à la fois l'or et le ciment de ce fier pays!
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